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Comment Poitiers optimise le chauffage de ses bâtiments … sans travaux ?

Smart building

Grâce à des capteurs IoT et à l’exploitation de leurs données, Grands Poitiers a réussi à optimiser les réglages des systèmes de chauffage de 70 bâtiments publics. La communauté urbaine teste trois approches, une plateforme open-source, un superviseur et un hyperviseur. Retour d’expérience.

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Sans lourds travaux de rénovation énergétique (isolation, changement de chaudière …) Grand Poitiers a réussi à réduire de 19% en moyenne la consommation du chauffage de 70 bâtiments publics. Comment ? Grâce à des capteurs IoT, une plateforme d’exploitation de la donnée et à des réglages optimisés. « Dès 2017 nous avons commencé par installer des capteurs dans des écoles, gymnases et piscines (une centaine en trois ans). Puis en 2022, nous sommes passés à la vitesse supérieure en déployant 550 capteurs pour monitorer 70 bâtiments », résume Romain Michenaud, Responsable de la Mission Territoire Intelligent au Grand Poitiers Communauté Urbaine.


Cette mission a été lancée en 2022 avec comme objectif de promouvoir les usages de la smart city au sein de la communauté urbaine. « La transition énergétique est au cœur de cette mission », poursuit le responsable. D’où ce premier projet portant sur l’optimisation du chauffage des bâtiments grâce au numérique.


Concrètement, les capteurs déployés mesurent la température à l’intérieur des bâtiments, ainsi que l’humidité, le CO2 et la luminosité. « Le CO2 est surtout utilisé pour détecter s’il y a une présence humaine dans la zone du capteur et ne chauffer que lorsque cela est utile », précise Romain Michenaud. Ces capteurs multifonctions ont été déployés avec un maillage relativement fin, pour couvrir des zones telles qu’un bureau ou une salle de classe. Ils communiquent avec un cloud hébergé chez un prestataire via le réseau LoraWan déployé depuis 2022 par Grand Poitiers.


Agréger et partager les données

Une fois les capteurs en place, il fallait trouver un moyen d’exploiter efficacement les données. « Nous cherchions une plateforme permettant de visualiser les données, mais aussi de les traiter et les partager avec nos services, mais également les prestataires externes que sont les exploitants de chauffage des bâtiments ». Grand Poitiers va alors tester trois approches, qui sont toujours en cours d’expérimentation. La première est de développer une plateforme en interne, en se basant sur une solution open-source (ThingsBoard). « Cela demande des ressources internes conséquentes pour les développements. Finalement, nous l’utilisons pour la visualisation de données ».


Deuxième approche : déployer l’hyperviseur d’un d’éditeur français. Une solution puissante et dotée de nombreuses fonctions, mais au coût relativement élevé. « C’est toujours une option. Nous continuons de tester la solution ».


Enfin, troisième approche : un « entre-deux », via une plateforme de supervision développée par la société Agora Software. Cette solution en mode SaaS a été déployée en deux mois pour un coût d’environ 20 000 euros (pour deux ans). « Cette solution nous permet d’exploiter les données des capteurs, mais aussi de les croiser, par exemple avec des données météo. Nous utilisons les données en interne mais elles sont aussi accessibles par les partenaires. Des tableaux de bords simplifiés, permettent aussi aux élus de suivre les avancées du projet et d’estimer les économies de coûts réalisables ».

 

Chasse au gaspillage

Grâce à cette exploitation de la donnée, Grand Poitiers a optimisé les réglages du chauffage en identifiant des dérives par rapport aux températures prévues (21° pour les crèches, 19° dans les bureaux, 16° dans les gymnases …). « Nous avons par exemple identifié des temps de préchauffage trop longs ou des plages de chauffage inutiles car les bâtiments n’étaient pas occupés, notamment les week-ends ou la nuit ».


Cette chasse au gaspillage a donc permis de réduire la consommation énergétique du chauffage de 19 % en moyenne. « C’est de la simple régulation. Nous avons transmis des préconisations de réglages aux équipes internes et aux prestataires. Ils sont tous dans la boucle grâce à la plateforme d’Agora Software ».


En perspectives : poursuivre les expérimentations autour du chauffage des bâtiments et décliner le concept pour la lutte contre les îlots de chaleur, grâce à une cinquantaine de capteurs environnementaux déployés en extérieur. « En 2024, nous ferons un bilan et verrons quelle solution est la plus pertinente, la supervision ou l’hypervision », conclut Romain Michenaud.

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