Ses vélos gris-vert, lourds et un peu vieillots, étaient devenus partie intégrante du paysage parisien et du mode de vie d’un certain nombre de ses habitants. Mais ils devront céder la place, à partir de janvier 2018, aux vélos gris-bleu ou gris-rouge de la société montpelliéraine Smoove, dont l’offre est portée par un groupement qui intègre également Marfina SL, Indigo Infra SA et Mobivia Groupe.
Un tiers de ces 18 000 nouveaux vélos – les gris-rouge - seront à assistance électrique, c’est l’un des facteurs qui a sans doute motivé le choix de la ville de Paris. Conséquence de ce choix : il faudra réaménager les 41 000 bornes et les 1260 stations de Velib’ pour accueillir ces vélos de nouvelle génération. Le système d’attache proposé par la jeune société montpelliéraine - dont les vélos équipent déjà les villes de Nice et de Montpellier -, est présenté comme étant plus robuste que celui des Velib’. Cela devrait permettre de réduire les vols et les actes de vandalisme que subissent les bicyclettes JC Decaux ; une situation qui nécessite chaque année le renouvellement de 70 % du parc.
Les vélos Smoove seront en outre dotés d’un système de géolocalisation qui contribuera à la lutte contre le vol et qui permettra également d’afficher sur un petit écran embarqué toutes les données du trajet (kilométrage, temps d’utilisation) pour une estimation plus juste du coût de ce dernier.
Douche froide et craintes sociales
Chez JC Decaux, dont le communiqué de presse du 1er avril évoque en titre « une décision troublante », la nouvelle a été accueillie comme une douche froide, tant le leader mondial de l’affichage urbain était certain de conserver la concession qu’il détenait depuis dix ans, lors de la création de cette offre de vélo en libre service. L’exploitant actuel se dit d’autant plus surpris de la décision que son offre aurait obtenu « la meilleure note sur tous les critères de notation non financiers ». Il fustige une décision prise sur le « seul argument du prix ».
La principale crainte mise en avant par le groupement sortant (JCDecaux/RATP/SNCF) porte sur le devenir des 315 collaborateurs actuellement en charge des Velib’, aucune clause ne prévoyant une « reprise de plein droit des équipes par le nouvel exploitant ». Le mode de fonctionnement de Smoove, grâce à un système d’attache, plus sûr, et à la géolocalisation permettrait de faire tourner le service avec moins de personnel.
Réagissant à chaud à cette décision au micro de France Inter, des représentants des salariés du groupement sortant se sont déclarés prêts « à faire traîner » le fonctionnement du Velib’ d’ici la fin de la concession, voire à « tout bloquer » s’ils n’obtenaient pas satisfaction sur leur reprise par le nouvel exploitant. Pour sa part, JC Decaux a déclaré dans son communiqué qu’il « examinera ces éléments avec la plus grande attention avant d’en tirer les conséquences juridiques qui s’imposent ».
Premier service de vélo en libre service au monde, Velib’ compte 300 000 abonnés et enregistre chaque année 40 millions de trajets.
