Ragni n’a pas peur de prendre des gros virages, même si les rails sur lesquels l’entreprise glisse depuis des années semblent sûrs et confortables. Spécialisée dans la ferronnerie à sa création en 1927, la société garde ce cap jusqu’en 1975, année à laquelle elle révolutionne son modèle pour se lancer dans la conception et la fabrication d’éclairage sous plusieurs formes (public, routier, design…). Le pari s’avère gagnant, puisque la société se développe progressivement, en intégrant de nouvelles technologies (LED, solaire, éclairage connecté…) pour atteindre à fin 2022 les 65 millions d’euros de chiffre d’affaires (dont 25 % à l’export) pour un effectif d’une centaine de personnes.
La quatrième génération de cette entreprise familiale se devait à son tour de dessiner un nouveau chemin pour épouser les défis de son époque et de sa clientèle de collectivités territoriales.
« Nous avons été fabricants, observe Stéphane Ragni, directeur général adjoint et associé, nous devenons maintenant une société de services. Aujourd’hui il existe des solutions connectées dédiées aux grandes villes, nous voulons désormais en proposer aux petites ».
Pour porter cette offre, une nouvelle filiale a été créée, du nom de SEV@, qui s’est nativement constituée sous le statut d’entreprise à mission ; un choix qui engage l’entité auprès de ses salariés, clients et actionnaires à « favoriser les transitions environnementales, numérique et sociale des territoires en leur donnant accès aux technologies intelligentes et des responsables ».
Un peu d’humain dans la smart city
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique assiste à la démostration sur le stand de Ragni au SMCL. |
Associé et cheville ouvrière de cette nouvelle entité, Thierry Suzanne, co fondateur et directeur commercial de Sev@, a derrière lui une quinzaine d’années dans l’éclairage, au service notamment de sociétés anglaises, dont la dernière a été Lucy Zodion. Ces différents postes lui ont permis d’observer les évolutions du milieu de l’éclairage, dont bien entendu le passage à la LED. « Le connecté a aussi amené de nombreuses nouveautés, dont les réseaux bas débit Lorawan et Sigfox. Mais tous les territoires n’ont pas la même vision, remarque-t-il. On ne voit pas les mêmes choses de la même manière dans le nord et dans le sud de la France ». Et on ne répond donc pas de manière standardisée aux différents besoins. « Nous voulons mettre un peu d’humain dans la smart city »
La proposition qui incarne cette intention est une offre clés en main de services connectés variés (éclairage, qualité de l’air, mobilité, gestion des déchets, arrosage, détection de fuites, stationnement, surveillance de cours d’eau, sécurité, bornes de recharge, température…) qui s’appuie sur une plateforme logicielle baptisée SEV@ Connect. Cette dernière permet de connecter les capteurs correspondant aux divers cas d’usage et d’en exploiter les données en temps réel. Sur l’éclairage, par exemple, les collectivités pourront accéder en temps réel à des informations telles que le suivi des lampadaires allumés, la température, la puissance consommée, nombre d’heures de vie de chaque lampe… Cette offre à tiroirs permet aux collectivités de déployer à leur rythme les capteurs et les services, tout en s’appuyant sur l’accompagnement proposé par SEV@ pour optimiser leurs installations et monter progressivement en compétence.
Si la cible principale de SEV@ reste plutôt celle les petites villes, l’approche de ces dernières peut se faire par plusieurs voies, comme les EPCI ou les syndicats mixtes, qui ont « les projets les plus construits ». La société ne se positionne pour autant pas comme un concurrent des grands intégrateurs. A travers ses quinze agences commerciales (celles de Ragni), elle adressera une clientèle s’installateurs.
Un écosystème interopérable et ouvert
Pour mettre en place cette offre, SEV@ s’est entourée d’une quinzaine de partenaires, avec la volonté de constituer un écosystème ouvert, à la fois en termes d’interopérabilité technique, et d’approche contractuelle. « Nous allons nous adapter, nous ne voulons pas verrouiller les collectivités dans des contrats rigides », assure Thierry Suzanne.
La nouvelle société vise la neutralité carbone en 2050, et souhaite se positionner également sur les sujets de la maîtrise de l’énergie et de l’eau. En faisant le pari de transformer le luminaire en support de service, elle entend également s’inscrire dans la notion d’infrastructure mutualisée.
Le tout, en associant conseil, déploiement, services associés et accompagnement.
« Je veux amener de la simplicité et du pragmatisme », conclut Thierry Suzanne, qui devrait pouvoir annoncer les premiers tests prochainement.