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Le vélo, la petite reine des mobilités décarbonées ?

Vélo

L’explosion de la pratique du vélo, depuis le début de la crise sanitaire, laisse entrevoir de nouvelles perspectives en termes de mobilité décarbonée pour les collectivités. C’était l'un des thèmes du webinaire « Se déplacer moins, se déplacer autrement », qui s'est tenu le 27 mai dans le cadre du cycle « Zéro émissions nettes en île-de-France » organisé par l’AREC (Agence régionale énergie-climat d'Île-de-France), un département de l'Institut Paris Region.

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En 2020, la pratique du vélo a augmenté de 10 % par rapport à 2019 et même de 27 %, en dehors des confinements.

2020, une année hors norme pour le vélo. La pratique a augmenté de 10 % par rapport à 2019 et même de 27 %, en dehors des confinements, selon l’observatoire Vélo et territoires. Les plus concernées sont les villes de 20 000 à 50 000 habitants et les grandes métropoles, mais même les zones rurales voient les cyclistes se multiplier. Ce mode de déplacement décarboné semble désormais incontournable. « Les maires s’occupent de l'ensemble des déplacements sur leur commune et peuvent porter la conviction que le vélo est une bonne partie de la solution », indique Catherine Pilon, secrétaire général du Club des villes et territoires cyclables, qui regroupe 220 collectivités. Mais selon elle, « il ne faut négliger aucun autre mode de déplacement pour construire une chaîne intermodale.»

 

« Les transports collectifs, le vélo et la marche à pied se parlent peu »

Une manière de répondre à la difficulté du cloisonnement. « Les mondes du transport collectif, du vélo et de la marche pied se parlent peu », note de son côté Julien de Labaca, consultant en mobilités. Le fait qu’un usager abandonne sa voiture pour un deux roues par exemple, est d’ailleurs interrogé. « Il y a de nombreux angles morts, car la mixité des modes de transport n’existait justement pas il y a encore dix ans. De nouvelles solutions existent et peuvent bouleverser les équilibres. La trottinette a pu cannibaliser le vélo ou la marche à pied, sans que cela n’ait été anticipé. Et on oublie souvent la non-mobilité ou la dé-mobilité, liée au télétravail notamment », poursuit-il.La technologie peut alors être un outil de facilitation, par exemple pour lier le vélo avec les transports collectifs. Aux Pays-Bas, par exemple, avec le système de vélo libre-service « OV-fiets » mis en place dès 2008, on peut prendre le train ou le métro avec son vélo dans près de 300 gares, avec la même carte de transport et en interconnexion totale. C’est ce que font 900 000 Néerlandais. « Mais on ne pourra pas mettre tous les vélos dans les trains, même si cela est amélioré par la loi d'orientation des mobilités. Il y a un enjeu énorme concernant leur stationnement autour des gares et la facilité de location à l'arrivée » estime Catherine Pilon, du Club des villes et territoires cyclables.

 

30 km/h en ville en Espagne

Se pose donc la question de l’aménagement de l’espace urbain, qui a fait la part belle aux cyclistes avec les fameuses « coronapistes » ces derniers mois. Le mètre étalon pour penser la voirie demeure tout de même la voiture. Même s’il existe des contre-exemples. « Aux Pays-Bas ou en Belgique, les feux verts sont synchronisés sur la vitesse du vélo à 20 km/h environ, et pas sur la vitesse des voitures. Cela change donc la façon de se déplacer en ville et rejoint le mouvement des collectivités qui souhaitent abaisser la vitesse à 30 ou 50 km/h. Avec l’idée de protéger les quartiers de la circulation », poursuit Catherine Pilon. Cette limitation à 30 km/h a d’ailleurs été généralisée à toutes les villes d’Espagne depuis le 21 mai. À Bilbao, cette innovation est couplée à une autre : les ascenseurs. Sur un terrain urbain accidenté, où la moitié de la population de 350 000 habitants vit en hauteur, 54 ascenseurs ont été construits, en plus des escaliers mécaniques qui se comptent par dizaines. « C’est une mobilité verticale qui fonctionne gratuitement 24 heures sur 24, tous les jours avec une technologie que nous maîtrisons. Tout le monde peut donc l’utiliser», explique le consultant Julien de Labaca.

 

Délimitation d’une zone à faibles émissions

Du côté de Strasbourg, on va plus loin encore, avec la délimitation d’une zone à faibles émissions (ZFE) depuis septembre 2018, comme dans 200 villes européennes. Sur la Grand-Île de Strasbourg, dans le centre-ville, les véhicules Crit’Air 4 et 5 sont interdits de circulation et les livraisons autorisées seulement de 6 h à 10 h. Les carburants verts ont quant à eux une heure de plus et les vélos cargos, pas de limite. « Nous avons une politique de déplacement très large, en place depuis plus d'une trentaine d'années, avec le vélo et le tram. La ZFE vient plutôt comme un accélérateur pour modifier la mobilité et réduire les émissions polluantes », contextualise Cécile Lanza, cheffe de projet dédiée à la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg. À partir de janvier 2022, de nouvelles règles de circulation vont être appliquées aux véhicules Crit’Air 1 ou sans Crit’Air sur tout le territoire métropolitain. Elles s’étendront progressivement à toutes les catégories jusqu’en janvier 2028. « La volonté était de rallier toutes les populations, avec des aides sur les véhicules propres pour les ménages à faibles revenus. Et l’idée est de rallier tous les maires sur ce projet-là », conclut Cécile Lanza.

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