Le plus grand projet d’urbanisation en cours à Barcelone a pour objectif d’enterrer la voiture pour faire place à un parc paysager et diverses infrastructures publiques. La mairie missionne depuis 2012 Barcelona Infrastructures Municipales SA (BIMSA) de mener à bien les différentes actions de transformation et de rénovation d'espaces publics dont fait partie cette infrastructure.
À travers l’actuel projet, la municipalité souhaite remettre l’épicentre urbain au cœur de la ville. Cette décision est issue d’un processus participatif de 2003 afin de parvenir à un consensus sur un projet commun pour cet espace emblématique de la ville. La crise financière de 2008, le remboursement de l’emprunt des travaux de 1992 et les différents déboires ayant retardé le projet, c’est donc une vision vieille de 20 ans qui se concrétisera vers 2024. Il serait plus difficilement envisageable aujourd’hui de concevoir un projet cher en béton émetteur de carbone au profit de véhicules émetteurs de carbone.
Une politique de grands projets
L’opération demeure tout de même louable, et une belle affaire, avec 27ha de libérés au profit d’un futur parc paysager, de nouvelles infrastructures publiques et de logements au bénéfice des 215 000 riverains longtemps sacrifiés sur l’autel du tout voiture et de l’image que devait renvoyer l’entrée de Barcelone. Mais cet héritage de la pensée des années 2000 ne résoudra en rien la question de la place de la voiture. Les quatre roues continueront d’affluer dans la ville, injectées par cette artère flambant neuve bien qu’elle soit cachée de la future vie de quartier de la place Glòries. Et ce, au détriment des transports en communs et des mobilités douces.
Ce projet est le dernier de la politique de grands projets de la ville de Barcelone. L’urbanisation est un investissement de long terme, un changement de cap ne porte seulement ses fruits que des années plus tard. En effet, la municipalité privilégie maintenant les aménagements plus modestes et en plus grand nombre. Comme nous le présente Ignasi de Moner, Chef du Département de Projets (BIMSA), cette politique se concrétise enfin avec une évolution de la répartition des coûts des ouvrages terminés entre 2012 et 2018 au profit des projets plus modestes.
Ce tunnel serait le dernier tribut à payer à la pensée des grands projets en faveur de l’automobile. Par des opérations plus mesurées, décidées dans l’ère du temps de la transition écologique, Barcelone se prémunit des dystopies automobilistes et gagne en agilité et en résilience.