Au cours d’un entretien avec Didier Grimaldi, professeur à l’université La Salle de Barcelone, une vision bottom-up (de la population vers le pouvoir public) de la Smart City a été présentée à travers le projet El Camino Escolar (ou The Road to School) et son ambition de réappropriation de l’espace urbain par le citoyen. Dans le quartier de Poblenou de la ville catalane, les familles emmenaient leurs enfants à l’école en voiture à cause de l’insécurité du trajet à pieds. Le projet visait ainsi à rendre plus sûr le trajet domicile-école que les enfants pourraient réaliser seuls, en définissant avec l’aide de parents d’élèves et de commerçants volontaires des chemins jalonnés de commerces ouverts aux horaires des trajets scolaires, et pouvant venir en aide aux écoliers en cas de danger. Nous avons ici l'exemple d'une initiative citoyenne intelligente et “low tech”, permettant une réappropriation du territoire par les usagers.
Cependant, le deuxième volet du projet implique l’utilisation d’un algorithme et des technologies du numérique, permettant d’optimiser la localisation de commerces sur les chemins scolaires selon deux critères : l’attractivité commerciale supérieure à la moyenne de la zone et leur présence sur le chemin scolaire tous les 50 mètres. Dans le quartier de San Andreu, sur 777 commerces recensés pouvant faire partie du dispositif, 50 étaient fermés et pouvaient ainsi faire l’objet d’une remise en activité. À la suite de cette étude, l’occupation de ces emplacements par de nouveaux commerces sur le chemin scolaire a permis à la zone de regagner son activité économique. Cette utilisation de la technologie et du numérique, au service de l’amélioration de la qualité de vie des citoyens, permet ainsi de réaliser un passage à une plus grande échelle et permet un impact transversal positif à la fois sur la sécurité, l’économie locale, la mobilité et la qualité de l’air, et donc le bilan carbone en ville.