Depuis deux ans, la communauté de communes du Pays Haut Val d’Alzette (CCPHVA) mène un ambitieux projet smart city afin de redynamiser son territoire et ne plus vivre dans l’ombre de son voisin, le Grand-Duché du Luxembourg. Jusqu’ici orienté vers le développement territorial au sens large, notamment économique, ce projet s’étoffe aujourd’hui d’un volet autour de la transition énergique. Pour cela, la CCPHVA poursuit sa démarche de partenariats avec de grands industriels. Engie Solutions rejoint ainsi le projet, déjà mené en collaboration avec Capgemini, Suez et Bouygues E&S. Fin janvier, l’énergéticien et la communauté de commune ont signé un contrat de performance, d’une durée de 12 ans, prévoyant une baisse minimale de 75 % de la consommation énergétique du territoire.
Comment ? En misant sur l’éclairage intelligent. Ce contrat intègre le passage à la technologie LED pour près de 4 200 points lumineux. « L’ensemble du parc sera également connecté à un hyperviseur afin d’assurer un pilotage à distance au point lumineux », explique Julien Vian, directeur général des services de la CCPHVA. Ce pilotage permettra notamment de réduire l’intensité lumineuse au cœur de la nuit (temporisation nocturne) et de surveiller en temps réel l’état de fonctionnement de chaque luminaire. Le réseau d’éclairage servira également d’infrastructure réseau pour d’autres usages, en intégrant divers capteurs sur les luminaires. Des caméras seront par exemple utilisées pour du comptage de véhicules et de piétons afin d’analyser les flux de déplacements, un enjeu majeur pour ce territoire frontalier. Rappelons que chaque jour la majorité de sa population part travailler au Luxembourg, ce qui crée d’importantes congestions de trafic. Un usage autour du smart parking est également prévu pour ces caméras, avec l’identification de places de stationnement disponibles. Les luminaires devraient aussi accueillir des capteurs environnementaux pour mesurer la qualité de l’air. Notons enfin qu’Engie s’entoure de start-up locales pour mener à bien ce projet, comme GreenTech Innovation (expertise dans les éclairages autonomes connectés) ou Two-I (algorithmes d’analyse d’image).
Un contrat de 10 millions d’euros sur 12 ans
Ce contrat de performance avec Engie vient compléter un premier "partenariat d’innovation" signé en 2018 avec Capgemini, Suez et Bouygues E&S. Ces trois industriels développent, avec la CCPHVA, une plateforme de données locales. Baptisée ECLOR, elle doit être mise en ligne d’ici cet été et permettra aux entreprises, habitants et communes d’accéder à des informations sur la mobilité, la gestion des déchets (disponibilité des déchetteries) ou encore la qualité de l’air et de l’eau. « Les données collectées via le réseau d’éclairage seront aussi intégrées à cette plate-forme. Il y a donc des synergies entre ces deux volets de notre projet smart city », poursuit Julien Vian.
Avec ce nouveau volet écologique, le budget du projet a été revu à la hausse. La mise en place de la plate-forme de données devrait coûter environ un million d’euros, dont 80 % sont subventionnés par l’État, la région et le département. Le volet avec Engie porte quant à lui sur une dizaine de millions d’euros. Le montage financier est en cours de finalisation, mais la CCPHVA table également sur un haut niveau d’aides. Elles devraient venir de la région, du département, mais aussi du fonds européen FEDER ainsi que des certificats d’économie d’énergie (CEE).