« C’est une première européenne », s’est félicité Fréderic Sanchez, président de la Métropole Rouen Normandie. Il présentait ce lundi 2 octobre : Rouen Normandy Autonomous Lab, un test grandeur nature de transport à la demande (TAD) basé sur des véhicules autonomes circulant sur route ouverte. Une expérimentation qui débutera en décembre prochain et durera jusqu’en 2019.
D’autres tests de transport publics sans chauffeurs sont déjà menés en Ile-de-France, à Lyon où encore à Sion (Suisse). Ce qui distingue l’expérimentation roannaise est que les véhicules vont circuler sur des voies totalement ouvertes à la circulation et non sur un périmètre à trafic limité. De plus, il ne s’agit pas de minibus robotisés, mais bien de véritables voitures, plus précisément des Renault ZOE.
Quatre de ces véhicules électriques vont évoluer sur trois circuits en boucle, totalisant une dizaine de kilomètres et situés autour du Technopole du Madrillet (Saint-Etienne du Rouvray), dans la banlieue de Rouen. Une navette classique, de type minibus, viendra également compléter le dispositif. « Nous allons pouvoir tester ces véhicules autonomes dans un contexte de circulation complexe, avec des gestions de priorités, des franchissements de ronds-points et bien entendue de nombreuses interactions avec les autres modes de transports : voitures, vélos, deux-roues, piétons, bus… » confie Alexis Beauvillain, ingénieur chez Transdev, partenaire de l’expérimentation.
Pour se diriger, les véhicules sont équipés de nombreux capteurs allant du radar laser (Lidar), à la caméra de stéréovision, en passant par les détecteurs ultrason pour les obstacles de proximité. L’intelligence artificielle embarquée va également exploiter des données de type GPS et des informations envoyées à distance par la plate-forme de supervision. Comme il s’agit d’un service de transport à la demande, l’idée est que les utilisateurs puissent réserver leurs trajets depuis leur smartphone, en envoyant une demande à la plate-forme de supervision. Cette dernière va calculer les itinéraires des véhicules en fonction de 17 points d’arrêts prédéfinis et des demandes des utilisateurs.
Pour l’expérimentation, un conducteur restera à bord pour reprendre la main en cas de problème, comme le stipule la législation française. Mais à terme, l’idée est bien de se passer de chauffeurs.
Un complément aux modes de transports traditionnels
« Cette solution de véhicules autonomes à la demande est complémentaire des autres modes de transport et peut notamment s’avérer pertinente dans les zones peu denses, confie Richard Dujardin, directeur général France de Transdev. La dimension autonome ouvre de nouvelles perspectives, par exemple des services disponibles 24h/24 et 7j/7, alors que dans les zones peu denses, la fréquence des transports traditionnels en aujourd’hui limitée. » De futurs services qui intéressent particulièrement la région Normandie. « Ce type de solution de transport à la demande, qui offre une grande capillarité sur les territoires, est de nature à favoriser l’attractivité de notre région, souligne Hervé Morin, son président. Je pense que l’automobile aura sa place dans les transports de demain. Cela est important pour la Normandie, car la voiture reste un mode transport auquel les Normands sont très attachés. Notamment car l’industrie automobile représente plus de 250 000 emplois dans la région. »
Doté d’un budget de 11 millions d’euros, Rouen Normandy Autonomous Lab est une expérimentation menée de concert par la métropole Rouen Normandie, la région Normandie, la Caisse des Dépôts, ainsi que les groupes Transdev, Renault et Matmut.