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[Ateliers du Smart Cities Tour] Châlons se connecte à son projet TCD

Evènement

Hyperviseur urbain, smart village, modernisation de l’éclairage public, rénovation énergétique des bâtiments publics … ces thématiques étaient au cœur de la dernière étape 2025 des "Ateliers du Smart Cities Tours". Coorganisé par Smart City Mag, la FNCCR et InfraNum, en partenariat avec la Banque des Territoires, cet évènement s’est tenu le 5 décembre dernier à Châlons-en-Champagne. Durant cette journée d’échanges, de débats et de retours d’expériences, les participants ont également pu travailler ensemble sur la valorisation de l'action publique par la donnée lors d’ateliers collaboratifs. Retour en images.

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En introduction de l’événement, Augustin Delavenne, Premier adjoint au Maire de Châlons-en-Champagne est revenu sur le projet "Connecte Châlons" lancé en 2023 avec Châlons Agglo, Saint-Martin-sur-le-Pré et Fagnières. Ce projet repose sur un MGP (Marché Global de Performance) de 12 ans attribué à un groupement mené par Bouygues Énergies & Services. Au programme : du smart lighting, du monitoring énergétique de bâtiments, de la vidéoprotection, des feux tricolores intelligents et la mise en place d’un hyperviseur urbain pour centraliser toute la gestion de ces services. « Le MGP signé en 2023 nous permet d'inscrire cette transformation dans une trajectoire maîtrisée et durable. Les économies générées sur notre consommation énergétique, soit près de 17 millions d'euros estimés sur la durée du marché, financent directement nos investissements », a précisé l’élu.
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Jacques Jesson, Maire de Saint-Martin-sur-le-Pré et président de l’Agglo a souligné que Connecte Châlons apporte des réponses à deux priorités majeures : les nouvelles attentes des usagers pour améliorer les services publics et la sobriété énergétique. « Nous visons en moyenne, grâce à ce projet, 79 % d'économies d'énergie sur l'éclairage publicet 33 % surles bâtiments », a-t-il précisé. « A Saint-Martin-sur-le-Pré, nous optimisons l'éclairage public grâce à des détecteurs de présence déployés dans certains quartiers résidentiels. Cela nous permet d’approcher les 95 % d'économies. Sur le reste de notre territoire, les gains sont de 87 à 88 %, donc ily a encore quelques aménagements à réaliser. Nous avons intérêt à économiser au maximum sur l’éclairage public pour mieux investir sur d'autres sujets ».
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Emilie Mothé, Adjointe au Maire de Châlons-en-Champagne (Modernisation administrative, Smart City, Voirie, Stationnement) a rappelé l’idée de départ du projet Connecte Châlons. « Le constat était que la gestion de l'espace public manquait de transversalité avec beaucoup de travail en silos.Par exemple, il n'y avait pas d'outils métier partagés. L'idée a alors émergée de déployer de nouvelles solutions métier et de les partager via un hyperviseur ». Selon Denis Fenat, Maire de Fagnières : « Nous avons mis en place une méthode d'accompagnement du changement, via des dizaines et des dizaines de réunions, pour que nos techniciens soient partie prenante du projet. Ils se sont ainsi approprié Connecte Châlons et y ont participé de manière très active. »
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Sofía Serna Ángel, Chargée de programme "Démonstrateurs de la ville durable" à la Banque des Territoires : « La réplicabilité est un point central du programme Démonstrateurs de la ville durable. Ce programme apporte des financements publics sur des projets innovants qui font office d’éclaireurs sur des terrains inconnus.Ces projets intègrent un surcoût lié à l'innovation, qui doit être soutenu financièrement. Nous pensons également que l'ingénierie de projet est un levier essentiel de réussite ». Pour Thomas Franke, Responsable commercial France de Seve (Groupe Ragni) : « Depuis de nombreuses années notre groupe œuvre pour moderniser l'éclairage public. Ce qui revient assez souvent dans les villes petites et moyennes est le besoin de mieux maîtriser leur budget énergétique. La modernisation de l’éclairage public peut largement y participer, en réduisant les consommations, mais aussi en optimisant les opérations de maintenance grâce à la data ».
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Apolline Bush, Grand Est Développement : « La Région Grand Est est aujourd’hui fibrée sur quasiment 100 % de son territoire. Fort de cette première réalisation, nous avons continué à investir dans le développement du numérique. L’objectif était de favoriser l'émergence de projets contribuant à l'attractivité et au développement des territoires.Dans cette optique, nous avons accompagné une dizaine de collectivités dans des projets d’expérimentation autour du numérique, dont des petits territoires ruraux qui n’avaient pas forcément les moyens et les ressources pour se lancer seuls. Ce qui ressort de cet accompagnement est que l’ingénierie de projet est une clé de réussite, comme l’a évoqué la Banque des Territoires. L’analyse des offres des industriels est également un enjeu important ».
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Quelles sont les tendances du marché des territoires connectés et durables ? Quatre représentants de Bouygues Energies& Services ont apporté des éléments de réponse à cette question. Une tendance forte concerne toutes les solutions liées aux économies de ressources, que ce soit sur l'énergie (éclairage et bâtiments) ou la ressource en eau. Autres tendances : la sécurisation des espaces publics (éclairage + vidéoprotection), l’optimisation des mobilités grâce à la data, la mise en valeur du territoire et l’amélioration du cadre de vie (capteurs environnementaux, sonorisation). Enfin, les hyperviseurs, l’IoT et les jumeaux numériques sont parmi les technologies qui suscitent le plus d’intérêt auprès des territoires. Les intervenants : Sabine Lunel-Suzanne (à gauche), Bastien Mathieu, Franck Horton et Mathilde Soule.
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Philippe Raimond, Directeur général adjoint ingénierie, services urbains et transition écologique de Châlons ville et Agglo (à gauche) : « Nous nous sommes orientés vers l’hypervision pour changer notre façon de travailler et gagner en transversalité (…) Pour des questions de souveraineté et d’indépendance, nous souhaitions être propriétaires des données mais aussi du code source de l’hyperviseur. Techniquement, les principales difficultés furent liées à l’interopérabilité des solutions ». L’interopérabilité a aussi été évoquée par Loïc Haÿ, conseiller technique au département numérique de la FNCCR. « Encore trop d’éditeurs ne fournissent pas d’API ou intègrent des technologies propriétaires plutôt que des standards ouverts. Il est recommandé que les territoires imposent ces standards ou ces API dans leurs contrats ».
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Alexis Semmama CEO d'Eridanis a rappelé la différence entre un superviseur et un hyperviseur : « Un superviseur est dédié à un métier. Il peut être multi-sources mais il est donc "mono-métier ". Un hyperviseur est également multi-sources, mais il est multi-métiers. Son intérêt est de pouvoir visualiser toutes les informations d’un territoire à partir d’un seul outil. Il nous est arrivé de connecter 60 à 80 sources de données différentes à notre hyperviseur. Il s’agit d’une couche haute du système d’information, qui peut être déployée après avoir construit les couches inférieures : capteurs, SIG, superviseurs métier … Enfin, un hyperviseur n’intègre pas de base de données, il se branche sur une plateforme de données qui doit avoir été construite en amont ».
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Samuel Gomes, Maire de Badevel (25) a fait la démonstration d’outils de supervision à distance de ce village connecté de 808 habitants. L’occasion de redécouvrir ce projet très ambitieux intégrant du monitoring énergétique de bâtiments (via des capteurs IoT), de la gestion intelligente des corbeilles de rues et des conteneurs verre (sondes de taux de remplissage), mais aussi un jumeau numérique, un Chatbot IA, une ferme solaire ou encore du smart grid. « Un véhicule électrique garé en bas d’un bâtiment permet de recharger ou de faire fonctionner le bâtiment ». Pourquoi autant de solutions déployées ?« Badevel se veut un démonstrateur de village intelligent et durable. Notre projet a été présenté au Premier Ministre [Gabriel Attal] en avril 2024 qui l’a apprécié ». La démarche intègre une forte dimension de recherche et développement avec notamment l’implication d’élèves-ingénieurs et de chercheurs de l’Université de Technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM) et de l’Université de Franche-Comté.
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Caroline Defaut, Directrice Connecte Châlons a réalisé une démonstration "live" de l’hyperviseur déployé dans le cadre du projet éponyme. Il centralise les données des équipements urbains en se connectant aux superviseurs métier (éclairage public, vidéoprotection, signalisation tricolore). La plateforme reçoit également les signalements citoyens. Les agents du PCC (Poste de Commandement Centralisé) exploitent par exemple l’hyperviseur pour déclencher une intervention terrain dans l’outil de GMAO. L’outil intègre un journal d’événements, une cartographie, des historiques des interventions, des tableaux de bord … afin d’améliorer la réactivité, la coordination et le suivi opérationnel.
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Philippe Chanal, DGS de Châlons ville et Agglo : « En démarrant le projet Connecte Châlons, notre premier constat a été que l’on ne pouvait pas le gérer à la seule échelle communale. Il devait être porté à une échelle intercommunale. Nous sommes aujourd’hui quatre collectivités au sein du projet, mais je suis intimement persuadé qu’il ne pourra pas rester en l'état pendant encore 10 ans sans intégrer peut-être d'autres territoires pour demain apporter encore plus de services ». Il est également revenu sur l’objectif initial du projet : proposer un outil commun (l’hyperviseur) pour désiloter l’organisation des territoires. « Chacun avait ses propres outils, son propre reporting et ne partageait pas les informations. Un des éléments fondamentaux pour nous était de pouvoir proposer aux élus une vision globale et partagée du territoire ».
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Régis Gabriel, directeur du Pôle Propreté Urbaine pour la Ville de Metz est revenu sur le développement du projet ViPARE, qui exploite l’intelligence artificielle pour détecter, caractériser et géolocaliser automatiquement les déchets dans l’espace urbain. Concrètement, les agents disposent d’une application mobile (baptisée CoBRA pour "Compteur urBain par Reconnaissance Automatique") qui va utiliser le capteur photo du smartphone et envoyer les visuels à un serveur pour analyse par IA. « Mettre de l’IA dans la propreté urbaine change le regard sur ces métiers. Il a fallu expliquer aux agents qui réalisaient cette opération manuellement que l’IA n’allait pas les remplacer mais les aider à prioriser les zones à nettoyer ». En perspective, permettre aux habitants de réaliser des relevés (science participative) pour compléter ceux des agents.
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Sébastien Diart, DGS de la Ville de Fagnières a évoqué l’enjeu de l’adoption du projet Connecte Châlons par les équipes. « Fagnières est une ville de 5000 habitants, les équipes sont bien plus petites que celles de Châlons avec des agents plus polyvalents et un fonctionnement moins siloté. A l’origine, le projet n’a pas suscité de contestation auprès des agents et pas non plus d’enthousiasme particulier. Pour favoriser l’adoption du projet nous les avons impliqués dès le départ. Nous avons nommé dans chaque service un ambassadeur du projet. Nous avons également un technicien référent du projet qui travaille quasiment à temps plein sur le développement de Connecte Châlons. Il s’agit donc d’une co-construction, dès la rédaction du cahier des charges jusqu’à la mise en place opérationnelle, entre toutes les équipes ».
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L’évènement s’est conclu par des ateliers collaboratifs, organisés par InfraNum. Les intervenants ont travaillé sur le sujet suivant : Comment mesurer et communiquer l'efficacité d’un projet TCD et valoriser l'action publique par la donnée ? Durant des sessions de jeux de rôles, il a été question de déterminer des indicateurs de réussite d’un projet et la manière de les exploiter pour les rendre lisibles auprès des élus, des agents et des citoyens. Chaque participant était invité à réfléchir aux attentes qu’il pouvait avoir sur le projet (soit éclairage, soit énergie bâtiment selon la table), à celles des autres participants (travail sur la transversalité) et également à déterminer les craintes et freins éventuels que pouvaient soulever le projet.
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