Dans la métropole de Lyon, le nouveau réseau de chaleur qui se construit dans le quartier de La Saulaie à Oullins se démarquera par son fonctionnement : pour alimenter en énergie ses bénéficiaires, il se servira de la chaleur véhiculée par les eaux usées. Cette utilisation, pionnière en France, en fera un réseau de chaleur recourant à 100% aux énergies renouvelables.
La technologie utilisée sera celle de la cloacothermie, c’est-à-dire la valorisation des calories des eaux usées. Le collecteur de la station d’épuration de Pierre-Bénite, situé à moins d’un kilomètre de la zone d’aménagement concerté (ZAC) de 17 hectares, passera dans une centrale enterrée, à proximité d’un échangeur de chaleur. Il transmettra ainsi ses calories à la boucle d’eau tempérée souterraine du réseau de chaleur. Cette boucle d’eau alimentera alors sur 2,5 km de canalisations les bâtiments en énergie. Le réseau de chaleur s’appuiera ensuite sur l’électricité produite par énergie solaire pour alimenter les pompes à chaleur en bas de chaque îlot de bâtiments, et destinées à diriger la chaleur dans les bâtiments. « L’idée était de trouver l’énergie la plus vertueuse possible en fonction du territoire », souligne Philippe Guelpa-Bonaro, vice-président de la Métropole en charge de l'énergie.
8,5 GWh de chaleur et 2,5 GWh de froid
La mise en service est prévue pour l’hiver 2026, avant l’arrivée des nouveaux habitants, salariés et commerçants en 2027. Cette nouvelle installation produira annuellement 8,5 GWh de chaleur et 2,5 GWh de froid l’été pour les quelque 870 logements, six équipements publics et 3 500 salariés dans les bureaux tertiaires construits sur l’ancienne friche industrielle de la SNCF en reconversion. Son fonctionnement décarboné permettra d’éviter l’émission de 179 tonnes de CO2 par an. Engie Solutions, porteur du projet, estime par ailleurs que ce réseau de chaleur permettra de réduire de 10% la facture énergétique des bénéficiaires par rapport à la solution de référence avec des pompes à chaleur air/air.
Les élus ont posé le 11 juin dernier la première pierre de ce nouveau réseau de chaleur en chaud et en froid, marqueur de la transition énergétique de la métropole. Alors que les autres installations de la métropole sont gérées dans le cadre d’une délégation de service public, celle-ci fait l’objet d’un marché global de performance. Le contrat a été remporté à l’été 2023 par Engie Solutions, qui opère déjà 236 réseaux de chaleur en France. L’entreprise en assurera la conception et l’exploitation pendant huit ans. « Engie Solutions a dimensionné l’installation pour alimenter au plus juste la ZAC, dans une approche de sobriété jusqu’au bout », se félicite Philippe Guelpa-Bonaro.
Ce projet de 20 millions d’euros d’investissement public, dont 7,7 millions financés par l’Ademe, doit contribuer aux ambitions de la métropole de réduire de 55% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et d’augmenter de 70% la production d’énergies renouvelables. L’objectif de la métropole est de raccorder 200 000 équivalents logements. Deux nouveaux projets ont été contractualisés : une concession pour le Sud-Ouest Lyonnais et la boucle tempérée de La Saulaie. Fin 2024, au total, 120 000 logements étaient déjà connectés à un des sept réseaux de chaleur publics, soit une hausse de 50 % depuis le début du mandat. Et Philippe Guelpa-Bonaro de conclure avec optimisme : « On devrait passer la barre des 200 000 équivalents logements raccordés en 2028 », soit deux ans avant la date fixée de 2030.