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Abandon du plan vélo : de lourdes conséquences pour les territoires

Vélo

Le plan vélo annoncé en 2023 par Élisabeth Borne fait les frais des coupes budgétaires du projet de loi de finances 2025. La réduction de son enveloppe à seulement 100 millions d’euros pourrait entraîner le report ou l’abandon de plus de 400 projets d’aménagements cyclables. Une décision qui a suscité de vives réactions des territoires, comme des entreprises du secteur.

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Service Vélo Modalis en Nouvelle Aquitaine. Crédit photo : Fifteen.

« Le vélo permet de décarboner les mobilités : nous accélérons aujourd'hui avec le nouveau plan vélo. L'État va investir 2 milliards d’euros d’ici 2027 pour les infrastructures, la sécurité et la formation à la pratique du vélo », annonçait en 2023, Élisabeth Borne, alors Première ministre. Un an après, le plan vélo a du plomb dans l’aile. Il a quasiment disparu du projet de loi de finances 2025, marqué par de nombreuses coupes budgétaires. Plus précisément, il ne reste plus que 100 millions d’euros et cette enveloppe est dédiée à finaliser les projets en cours. De quoi permettre de financer pour cette année « tous les engagements de l’État », a indiqué François Durovray, ministre délégué chargé des Transports. Mais pour les projets à venir, ou en phase d’étude, c’est un coup d’arrêt brutal.


Rappelons que l’objectif du plan vélo était d’atteindre 100 000 kilomètres d’aménagements cyclables (pistes, voies, stationnement ...) à l’horizon 2030. Il avait été notamment permis le lancement de l’appel à projets " aménagements cyclables ", fin 2023 par le gouvernement. Un appel à projets qui risquent également de pâtir du coup de rabot dans le budget 2025.


« Non au rétropédalage du plan vélo »

Sans surprise, les représentants des acteurs du secteur, publics comme privés, déplorent cette coupe budgétaire. « C’est une décision incompréhensible et contradictoire avec l’ambition de l’État d’atteindre les 100 000 kilomètres d’aménagements cyclables en 2030. Nous pouvons aussi faire une croix sur l’ambition de la France d’être la première destination de tourisme vélo en Europe », déplore Martine Cano, Présidente de la Fédération française de cyclotourisme. « Nous attendions à un budget quatre à cinq fois supérieur pour 2025. Et pour les années suivantes, nous ne savons pas comment la situation va évoluer. »


Quant aux collectivités ayant répondu à l’appel à projets " aménagements cyclables " : « Elles ont "fait le job" et ont notamment lancé des études. Le résultat est qu’elles ne pourront pas toutes financer leur projet. Cela signifie l’abandon ou le report d’environ 400 projets d’aménagements cyclables dans les territoires. »


Même consternation du côté du Club des villes et territoires cyclables et marchables (CVTCM). « Alors que la pluriannualité promise dans le plan vélo avait généré de la confiance et de l’ambition dans les collectivités, la fin du dispositif vient rompre la dynamique et susciter incompréhension et colère parmi les élus des collectivités parties prenantes de cette politique d’avenir. L’État n’honore pas les ambitions qu’il s’était lui-même donné ! », peut-on lire dans une tribune publiée le 19 novembre dans Les Echos. Afin de dire « Non au rétropédalage du plan vélo », l’association a rédigé une lettre ouverte au gouvernement, déjà signée par près de 450 collectivités et 600 élus.


L’abandon du plan vélo a également suscité de vives déceptions du côté des entreprises du secteur. France Vélo, qui représente la filière économique du vélo en France, a également rédigé une lettre ouverte au gouvernement. Intitulée " Sauvons le plan vélo ! ", elle fustige une « décision à contresens de l’Europe » qui risque de porter préjudice à « l’économie du vélo représentant aujourd’hui 50 000 emplois en France ».

 

Une recherche d'alternatives pour poursuivre les projets

Un avis partagé par Benoît Yameundjeu, PDG de la société française Fifteen qui a déployé des services de vélos publics dans une quinzaine de territoires en France (et dans une dizaine de pays dans le monde). « C’est un coup dur pour la filière du vélo public mais aussi pour de nombreux territoires. Cette annonce frappe particulièrement les intercommunalités de taille moyenne qui s’étaient engagées dans une transition écologique ambitieuse et de long terme », estime-t-il.


« Cependant, tout n’est pas perdu. Certaines collectivités cherchent des alternatives pour maintenir leurs investissements, notamment via leurs budgets annexes pour les transports, et le maintien annoncé des dotations d'investissement (DETR, DSIL, etc.) constitue un espoir », tient-il à temporiser.


Et de conclure sur les effets collatéraux de l’abandon du plan vélo : « le développement des mobilités actives est un enjeu crucial pour la transition écologique et la qualité de vie dans nos territoires. Réduire les financements alloués à ces projets risquerait de freiner une dynamique positive et d’alourdir les coûts environnementaux, économiques et sociaux à long terme ».

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