« Nous avons fait le constat que toutes les collectivités ont intérêt à pouvoir disposer d’une représentation fidèle de leur territoire, afin de compiler des données détaillées sur des phénomènes sociaux comme physiques », explique Nicolas Berthelot, responsable de la Fabrique des géocommuns à l’IGN, « mais aussi pour simuler des événements, par exemple pendant les gestions de crise lors d’épisodes d'inondations ou d’autres aléas climatiques ».
En effet, alors que les défis environnementaux constituent désormais des enjeux inédits pour les territoires, les possibilités offertes par les jumeaux numériques peuvent jouer un rôle majeur pour aider les élus locaux. Les exemples sont nombreux : gestion des infrastructures menacées par l’érosion du littoral, anticipation de l’effet du changement climatique sur les productions agricoles, simulation des risques d’incendie de forêts…
Avec ce projet, l’État s’implique davantage sur le sujet
L’IGN, le Cerema et l’Inria ont donc décidé de lancer un appel à communs destiné à co-construire avec les territoires le jumeau numérique de la France, rien de moins ! En effet, le SGPI (Secrétariat Général Pour l’Investissement) a donné mandat à ces trois établissements pour organiser ce vaste projet, avec l’appui du plan d’investissement France 2030.
Certes, diverses collectivités ont déjà construit des jumeaux numériques locaux ou thématiques, par exemple à Angers ou Dijon, pour suivre le remplissage des nappes phréatiques ou encore simuler les effets des périodes de sécheresse. « Mais désormais, nous pensons que nous pouvons être capables de construire un jumeau numérique avec des données homogènes au niveau de tous les territoires, et offrir des possibilités de simulation à l’échelle de la France », argumente Nicolas Berthelot, « en fait, avec ce jumeau numérique national, l’État vient urbaniser un domaine qui commence à être exploité et qui est prometteur ».
Financé par la commande publique
Les acteurs publics et privés (collectivités, organismes de recherche, associations, startups, industriels) sont donc invités à répondre à cet appel à communs pour exprimer leur intérêt pour un cas d’usage particulier, partager un retour d’expérience sur l’utilisation de jumeaux numériques locaux existants, ou proposer des solutions techniques à intégrer à l’outil.
L’IGN, le Cerema et l’Inria souhaitent tout à la fois clarifier les besoins des territoires, dénicher des porteurs de retours d’expériences, et identifier des partenaires ayant déjà développé des jumeaux numériques ou qui souhaitent le faire. « Mais, attention, le développement du jumeau numérique national sera guidé par des cas d’usage, c’est-à-dire qu’il sera financé par des commandes publiques qui nous mandateront sur différentes thématiques », précise Fabrice Berthelot, « à ce moment-là, nous pourrons mobiliser les personnes qui ont déjà développé une partie de la solution, et jouer le rôle d’accélérateur ».
Mais alors, les entreprises spécialisées ne pourraient-elles ressentir une certaine concurrence ? « Non, car l’objectif n’est pas de construire une solution intégralement gratuite », souligne Nicolas Berthelot, « elle pourra au contraire jouer le rôle de plateforme de référencement de solutions existantes, afin de permettre à tout le monde d’avancer ». Ainsi, sur un même socle, sont amenés à cohabiter des outils open source gratuits et des modules payants.
Un formulaire de réponse en ligne est ouvert pour permettre aux collectivités de répondre. La date de clôture est fixée au 30 septembre. La restitution des réponses, la constitution de collectifs par thématiques et le lancement des premiers projets auront lieu avant la fin de l’année.