Le département énergie de L'Institut Paris Région a mis en ligne sa cartographie des projets de production et de distribution d’hydrogène en Île-de-France. « Cet outil est destiné aux porteurs de projets, aux usagers, aux industriels mais aussi aux collectivités territoriales », explique Thomas Hemmerdinger, chargé de projet transition énergétique à l’Institut Paris Région et animateur du club hydrogène Île-de-France. En effet, le document permet à ces différents acteurs de connaître précisément la situation des capacités de production et de distribution d’hydrogène dans la région, et d'identifier les zones où elles ne seraient pas suffisantes. « Grâce à cette cartographie, les collectivités peuvent aussi prendre connaissance des dynamiques des acteurs privés sur leur territoire », ajoute Thomas Hemmerdinger.
La région Île-de-France concentre aujourd’hui plus de la moitié du parc de véhicules hydrogène français, soit environ 700 véhicules sur 1320 (selon les chiffres de France Hydrogène). Cette flotte se compose notamment de 600 véhicules légers de type berline et SUV, 50 véhicules utilitaires légers, 7 bus, 25 vélos et triporteurs, ainsi que de drones.
« Actuellement, nous disposons de 9 stations de distribution sur les 70 déjà déployées en France métropolitaine », poursuit Thomas Hemmerdinger, « plusieurs d’entre elles ont ouvert en 2023 ». C’est notamment le cas de la station Hysetco de la Porte de Saint-Cloud, des stations Hype d’Issy-les-Moulineaux et de la Porte de Bercy, et de la station temporaire GCK Energy de Linas-Montlhéry. Au total, les 9 unités de distribution ont une capacité cumulée de 2,5 tonnes d’hydrogène par jour. À noter que Hype et Hysetco ont chacune annoncé le déploiement de huit nouvelles stations en 2024.
Une stratégie multiacteurs
En ce qui concerne la production, 3 sites sont en fonctionnement pour une puissance cumulée de 4,5 MW (soit environ 15% de la puissance installée dans l’Hexagone, selon France Hydrogène). Il s’agit de la station Hysetco de la Porte de Saint-Cloud (qui est à la fois un site de production et de distribution), de la station Hyvia de l’usine ReFactory de Renault à Flins, et de la plateforme de test d’électrolyseurs d’EDF Lab aux Renardières (77). À noter que plusieurs projets sont en cours pour déployer entre 30 à 50 MW d’électrolyse.
Stratégiquement, la région s’inscrit clairement dans une logique multiacteurs, avec notamment Hytesco, Hype, Distry, Avia, Hyliko, Hyvia, Engie, Totalenergies et Air Liquide. Ces deux dernières sociétés viennent d’ailleurs de créer une coentreprise, baptisée TEAL, dédiée aux stations poids lourds qui devront équiper progressivement les corridors européens de transport (au moins une station tous les 200 km d’ici 2030).
Le parc de véhicules devrait doubler cette année
« Actuellement, la dynamique sur l’hydrogène est alimentée par trois paramètres en Île-de-France », souligne Thomas Hemmerdinger, « tout d’abord les JO puisqu’il y aura des véhicules hydrogène pendant l'événement, ensuite la livraison cette année de véhicules utilitaires légers, et enfin l'arrivée en fin 2024-début 2025 des poids lourds hydrogène ». En effet, le parc francilien devrait doubler au cours de l’année, avec notamment l’arrivée programmée de 500 nouvelles berlines, d’au moins 150 véhicules utilitaires légers, de bus (en particulier 47 bus d’Île-de-France Mobilités pour les projets Vallée Sud Hydrogène et H2 Créteil), d’autocars et de bennes à ordures ménagères.
« Les collectivités sont parfois proactives et portent les projets avec les industriels, comme Vallée Sud-Grand Paris ou Créteil, mais elles peuvent aussi jouer le rôle de facilitateur comme la ville d’Issy-les-Moulineaux, par exemple, qui accueille des stations Hype et va s'engager dans un projet européen autour des vélos cargo hydrogène », résume Thomas Hemmerdinger, « enfin, certaines entendent vraiment animer l'écosystème territorial, comme Meaux ou encore Bussy St Georges ».
