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Smart city : le défi du financement

Financement

Si la baisse des dotations de l’État est l’un des leviers des smart cities - les collectivités étant soucieuses d’optimiser les dépenses générées par leurs services publics -, elle est aussi un frein à ces projets. Entre coûts d’investissements élevés et modèles économiques incertains, le financement de la ville intelligente demeure un défi.

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© Flickr / Jesús Pérez Pacheco

Quels sont les coûts d’investissements pour un projet smart city ? Quels modèles économiques développer ? Quelles subventions demander ? Quelles pistes de financement envisager ? Autant de questions que se posent les collectivités avant d’amorcer une démarche smart city. Le sujet est délicat, car avec la baisse des dotations de l’État, les communes s’évertuent déjà à réduire leurs dépenses. Dès lors, financer de nouveaux projets semble tout simplement impossible.
Pourtant, des collectivités y parviennent. Certaines misent sur les subventions, d’autres demandent des prêts, d’autres encore optent pour des modèles économiques différents. « La SEM (société d’économie mixte) est l’un des modèles à envisager pour mener des projets à long terme liés aux infrastructures » mentionne Cédric Verpeaux, responsable du pôle Villes et territoires intelligents à la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). Un choix opéré par la métropole de Nice Côte-d’Azur pour la gestion de ses objets connectés. « Elle en a déployé près de 100 000 sur son espace public, avec plusieurs prestataires et réseaux... et souhaite à présent mutualiser et rationaliser le fonctionnement de ces outils » indique Cédric Verpeaux. La mutualisation des solutions technologiques peut se matérialiser sous les traits d’une plate-forme multisectorielle (un outil de gestion pour plusieurs services) mais également naître au sein d’un groupement de collectivités (une intercommunalité par exemple), l’association de communes permettant notamment des groupements de commandes.

 

Attirer des investisseurs avec un ROI à long terme

Autre difficulté rencontrée par les communes : quantifier le retour sur investissement... « Les promesses futures peuvent lisser les coûts initiaux » affirme Mondher Chargui, spécialiste des transports au sein du département Mobilités de la direction des projets de la Banque européenne d’investissement. Il prend l’exemple des bus électriques : « il faut évaluer le prix du diesel dans 10 ans pour faire une véritable estimation des économies ». Pour attirer des investisseurs, un projet smart city est donc à envisager à long terme. Partie prenante auprès des collectivités, la CDC propose des subventions et investissements... dont bénéficient principalement les métropoles. « Les petites communes ont conscience des enjeux de la smart city mais leurs élus ne connaissent pas forcément les solutions opérationnelles qui s’offrent à eux. Ils restent à sensibiliser » constate Cédric Verpeaux. 

 

Atelier organisé par France Stratégie sur le financement de la Smart City avec Cédric Verpeaux et Mondher Chargui.

Une sensibilisation urgente pour ne pas perdre pieds dans cet écosystème de la ville intelligente, qui se construit en partie sans les élus. Des services publics se trouvent en effet parfois améliorés ou supplantés par des solutions émanant du secteur privé. Pour exemple, la Civic Tech, ces outils numériques favorisant la démocratie participative : ils peuvent être utilisés par les citoyens indépendamment d’une volonté politique locale. « Dans un autre registre, les services d’Uber sont considérés aux États-Unis comme un moyen de compléter les lignes des transports publics qui coûteraient trop cher à mettre en place » témoigne Mondher Chargui.

 

Ces acteurs privés ne répondent plus systématiquement au fonctionnement "traditionnel" des collectivités, à savoir passer par la commande publique pour proposer un service sur un territoire, comme le font encore de grands groupes. L’usage des services proposés par les premiers surpassant parfois les seconds. « La métropole du Grand Lyon a mené une enquête sur les services d’informations aux voyageurs, rapporte Cédric Verpeaux. Il en est ressorti que Google Maps était davantage utilisé par la population qu’Optimod, le projet développé par la collectivité ». Au financement de la smart city s’ajoute donc un autre grand défi : l’usage.

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