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Comment Nevers optimise la gestion de son réseau d’eau grâce à l’IA ?

Gestion de l'eau

Il y a un an, Nevers Agglomération et le groupe Lacroix débutaient une expérimentation autour de l’utilisation de l’IA pour optimiser la recherche de fuites sur le réseau d’eau potable. Le principe : l’IA épaule les opérateurs humains dans le traitement des données pour déceler les fuites, avec une réduction de 95% de ce temps d’analyse. Retour d’expérience.

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« L’IA nous aide à améliorer le traitement humain de la donnée ce qui augmente notre réactivité face aux fuites. Aujourd’hui, résorber une fuite (détection et intervention) nous prend en général moins de deux heures, contre jusqu’à plusieurs jours auparavant », résume Dominique Derangere, chef de service eau et assainissement au sein de Nevers Agglomération.


En avril 2022, l’agglomération de Bourgogne-Franche-Comté signait avec le groupe Lacroix un contrat d’innovation. L’objectif : expérimenter l’utilisation de l’IA pour réduire le temps d’analyse des données servant à déceler des fuites sur son réseau d’eau potable. Un test mené avec l’"Innovation Lab" de Lacroix, entité du groupe dédié à l’innovation.


« Bien souvent, la détection de fuites demande beaucoup d’analyse humaine sur de gros volumes de données », explique Stéphane Gervais, VP Executif Innovation Stratégique & Smart Data chez Lacroix. « L’outil co-constuit avec Nevers Agglomération permet de réduire jusqu'à 95% ce temps d’analyse ». Depuis 2014, Lacroix fournissait déjà à Nevers des équipements de télégestion, dont 70 capteurs de type  datalogger. Ils enregistrent de données du réseau avec près de 500 paramètres collectés par jour, dont la pression ou le débit. Des équipements qui génèrent d’importants volumes de données, dont la gestion humaine devenait complexe. D’où l’idée d’épauler ce traitement de la data par une IA.


L'IA formée par les opérateurs 

La première phase du projet fut de générer des tableaux de bord synthétiques (sans utiliser d'IA), avec à la clé une économie de temps en analyse d'environ 50%. La seconde phase a été d’introduire de l’IA pour analyser les anomalies du réseau d’eau avec cette fois une économie de temps de 95%.

 

« Ce sont les opérateurs qui ont formé l’IA », poursuit Stéphane Gervais. Plus précisément, ils ont appris à un algorithme quelles données étaient les plus pertinentes pour identifier des comportements anormaux sur le réseau d’eau, comme par exemple un débit constant la nuit sur un compteur. « Les opérateurs ont enseigné à l’algorithme ce qu’était une anomalie. Le savoir-faire humain est ainsi au centre de l’apprentissage de l’IA ».


Résultat : « Pour les petites fuites en particulier (moins de 10 m3/j), le gain de temps peut être de plusieurs jours car elles sont difficilement détectables avec des seuls moyens humains. Avant l'IA, il fallait attendre que la fuite "grossisse" pour être détectable. Donc le gain de temps se chiffre en journées », explique Dominique Derangere. « Avec l'IA toutes les infos remontent, ce qui n'était pas le cas avant. Une fuite pouvait ne pas exister le matin, lors du passage en revue des informations par le technicien, et apparaitre l'après-midi. Dès lors, c'est un delta de 5 à 8 heures de différence voire d'une journée, qui joue en faveur de l'IA, en termes de détection et d'intervention sur les fuites les plus communes ».

 

« L’analyse des 500 paramètres prends 2h par jour sans IA. Avec l’IA elle ne prend que quelques minutes, donc gain de plus de 95% », précise pour sa part Stéphane Gervais.

 

Ajouter de la prédiction de fuites

La prochaine étape du projet sera de développer une dimension prédictive à l’outil. L’idée est de déceler les signaux faibles permettant d’anticiper l’apparition d’une fuite plusieurs jours à l’avance. Les équipes d’exploitation pourront ainsi mettre en place une intervention préventive pour « éviter une casse technique lourde de conséquences, autant fonctionnelles que financières », indique le groupe Lacroix.


La solution a également vocation à être déployée dans d’autres territoires. « L’idée n’était pas de garder cette innovation pour nous, car elle est parfaitement réplicable ailleurs », souligne Dominique Derangere. « Nous avons eu des visites, ou des entretiens téléphoniques sur le sujet, avec une dizaine de collectivités ». De son côté, le groupe Lacroix confie avoir démarré cinq projets similaires dans d’autres collectivités, notamment dans la Vallée de l'Hérault en région Occitanie.

 

Sur le même sujet : retrouvez notre dossier complet : "Gestion de la ressource, monitoring des nappes, distribution... Comment le numérique aide à la gestion de l’eau ?" , à paraître dans le numéro 52 de Smart City Mag (mars-avril).

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