« Nous voulons maitriser notre destin énergétique et nous dégager des énergies fossiles importées ». Tel est l’objectif du projet hydrogène de Dijon Métropole, résumé par Jean-Patrick Masson. Pour le vice-président délégué à la transition écologique, aux déchets et aux énergies renouvelables, un des principaux atouts du "H2" est donc de favoriser l’indépendance énergétique des territoires. « Nous importons la majeure partie de notre énergie. Pour changer cette situation, nous avons déjà mis en place notre réseau de chaleur alimenté par des chaufferies biomasse. Notre projet hydrogène poursuit cet objectif d’indépendance énergétique ».
En quoi consiste le projet hydrogène dijonnais ? En janvier 2023, il prévoit la mise en place d’une première station au nord de l’agglomération dédiée à la recharge de véhicules d’entreprises, de bennes à ordures ménagères et de véhicules légers de particuliers. Elle disposera d’une capacité quotidienne de recharge de 440 kg d’hydrogène, doublée à terme avec la construction d’une extension. En janvier 2024, une deuxième station devrait être opérationnelle, au sud de Dijon, pour la recharge de bus à hydrogène. Cette seconde installation disposera d’unecapacité de production de 880 kg de H2 par jour, qui pourrait être triplée par la suite.
Parallèlement, Dijon Métropole prévoit d’acquérir 27 bus, 8 bennes à ordures ménagèreset une quinzaine d’utilitaires tournant au H2, d’ici deux ans. À l’horizon 2030, elle compte migrer l’ensemble ses bus et bennes à ordures vers l’hydrogène, soit 200 bus et 50 bennes. D’ici 10 ans, elle fera de même avec 250 véhicules légers de sa flotte publique.
Un budget de 184 millions d’euros
Les deux stations fonctionneront avec des électrolyseurs alimentés en électricité « propre », mais pas majoritairement des ENR, indique la métropole. Si la région déploie des ENR sur le territoire (éolien et photovoltaïque), ils seraient encore insuffisants pour alimenter à eux seuls les deux stations. Et surtout : la métropole dispose déjà d’une source d’énergie « propre », à savoir son usine d’incinération de déchets ménagers. Cette unité de valorisation énergétique (UVE) génère un surplus d’électricité qui représentera 90 % de l’alimentation de la station Dijon-Nord. Les 10 % restants proviendront d’une ferme photovoltaïque de près de 14 hectares, en construction à moins d’un kilomètre de la station. Quant à la station Dijon-Sud, elle devrait être alimentée par des panneaux solaires installés sur les toits des dépôts de bus. « A terme, quand l’ensemble de la flotte de véhicules lourds sera passée à l’hydrogène, il n’est pas n’exclu d’avoir aussi recours à de l’électricité verte garantie d’origine », confie Jean-Patrick Masson.
Grâce à son projet hydrogène, la métropole espère économiserl’équivalent de 1750 tonnes de CO2 par an « réduisant ainsi rapidement l’impact environnemental de la collectivité et du territoire ».
Le déploiement des stations est assuré par la société à action simplifiée Dijon Métropole Smart EnergHy (DMSE), dont les principaux actionnaires sont la métropole, la société Storengy (filiale d’Engie) et l’entreprise Rougeot Energie. DMSE dispose d’un budget de 184 millions d’euros sur 10 ans pour réaliser ce projet. Environ 18 millions d’investissement initial sont nécessaires pour le déploiement des deux stations. Pour cette première phase, la métropole a obtenu 3,9 millions d’euros de subventions de l’Ademe et 2,6 millions d’aides de la région Bourgogne-Franche-Comté.
Le développement de l’hydrogène dans les territoires fera également l’objet d’un dossier complet dans le n° 38 de Smart City Mag, à paraître le 25 mars, et sera seulement accessible aux abonnés de l’édition papier de Smart City Mag.