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Barcelone : Desidedatum et le data management

Europe

Barcelone est considérée comme l’une des villes les plus smart du monde d’après une analyse webométrique publiée par le Journal of Urban Technology. En octobre 2019, la promotion du Mastère Spécialisé Ingénierie et Management des Smart Cities (MS IMSC) de l’École Nationale des Ponts et Chaussées, et son directeur Thierry Simoulin, sont allés à la rencontre de l’écosystème des acteurs de la ville afin de comprendre le modèle de la smart City barcelonaise. Aujourd’hui, les étudiants décryptent pour nous le data management au travers du Desidedatum.

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La ville de Barcelone a des orientations très fortes liées à la souveraineté, au contrôle, à la protection et à l’ouverture des données urbaines. Reposant sur un leadership fort de la part de la maire Ada Colau, la ville a structuré sa gouvernance de la donnée autour d’un pacte social appelé City Data Commons, prévoyant notamment la création d’un Bureau Municipal de la Donnée en 2015 ainsi que la mise en œuvre d’une série d’outils autour de la gestion de la donnée (la plateforme City OS pour le partage des données urbaines, le réseau de capteurs urbains Sentilo pour la collecte de données urbaines en temps réel ou encore la plateforme Open Data BCN pour organiser l’ouverture des données).
Pour répondre aux enjeux en matière de gestion et exploitation de la donnée, Marc Garriga a fondé en 2012 DesideDatum Data Company, une jeune entreprise de conseil en transformation digitale et data management pour les entreprises et particulièrement pour le secteur public, abordant la Smart City sous l’angle de la donnée. L’entreprise offre des outils techniques (comme des portails d’open data) couplés à des services de conseil et d’accompagnement aux collectivités territoriales (diagnostics data, solutions de gouvernance de la donnée, formations et acculturation au data management, etc).

 

De la transparence de la donnée à l’open data

Il existe une réglementation assez stricte sur la transparence de la donnée publique en Catalogne, venant de pair avec l’Open Government lancé en 2008 par la présidence Obama et qui repose sur la participation, la collaboration et la transparence. L’idée est d’établir un dialogue plus fluide entre administrés et décideurs publics, ce dialogue passant avant tout par la donnée selon DesideDatum.
L’open data, c’est aller au-delà de la transparence et du simple partage d’informations car les données sont publiées de façon à pouvoir être réutilisables, notamment par le citoyen, et à créer de nouveaux usages.
L’open data favorise à la fois la transparence, la qualité de la donnée (en l’ouvrant, l’utilisateur de cette donnée peut la vérifier), la collaboration (interopérabilité des SI métiers, transversalité et échange inter services), et la gestion optimisée de la ville (la mise en open data des jeux de données sur les chemins de forêt a permis par exemple au gouvernement Catalan de combattre les incendies).
La ville catalane développe ainsi depuis cinq ans sa politique d’open data et fait office de ville pionnière en la matière. À une échelle plus large, l’Espagne est par ailleurs le 2ème pays européen en matière de maturité de la politique Open Data en 2019 , après l’Irlande et devant la France. Elle est notamment la première en matière de réutilisation et de mesure de l’impact de l’open data dans les domaines politique, social, environnemental et économique.

 

De Smart City technologique à “Smart Collectivité”

Les échanges avec nos interlocuteurs de DesideDatum nous ont permis de comprendre que pour la ville de Barcelone, la donnée et les infrastructures numériques sont à considérer comme une infrastructure servicielle en elle-même, publique et ouverte, au service d’une transformation de la ville au plus près des besoins de ses habitants. C’est notamment à cet objectif que répond le Plan Numérique lancé par la Mairie de Barcelone en 2015, avec l’ambition de dépasser le modèle de la Smart City Technologique, pour atteindre celui de la “Smart Collectivité”, à savoir une collectivité ayant une meilleure connaissance de son territoire, favorisant la transparence de l’action publique, développant des services innovants de manière collective, et optimisant la collaboration et le fonctionnement transverse entre services.
Au-delà d’une volonté politique forte de la donnée portée par le Barcelona City Council et son écosystème de partenaires, le modèle Barcelonais a également favorisé l’acculturation des différents acteurs de la ville, et en premier lieu de ses citoyens, en déployant des campagnes de sensibilisation dans les écoles (Hackathons…), et en se reposant sur un écosystème local riche, composé de différents mouvements et laboratoires d’innovation urbaine (Maker Faire BCN, Fab City, etc.).
Ce modèle de “Smart Collectivité” doit également répondre aux problématiques liées au changement d’échelle, en faveur d’un développement plus homogène des territoires. Les collectivités plus rurales, aux enjeux éloignés des zones urbaines plus denses, devront notamment faire face à des problématiques de coûts et de ressources en interne, une population plus éloignée du numérique, un leadership politique moins important, des problèmes infrastructurels, des problèmes d’investissements par un manque d’intérêt des acteurs privés.
Les métropoles ont donc un rôle moteur prépondérant dans le développement de projets de “smart collectivités” à l’échelle des territoires dans lesquels elles s’inscrivent, afin de favoriser la souveraineté digitale et la protection des citoyens, notamment face aux géants du numérique (GAFA, NATU, etc.) et les grands industriels du Numérique (Cisco, Schneider Electrics, etc.), ainsi qu’un développement urbain non standardisé.

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