LE MAGAZINE DES VILLES ET DES TERRITOIRES CONNECTÉS ET DURABLES

Transports publics : un impératif d'adaptation, radical et rapide

Mobilité
H_1
Le passage à la vie mobile [...] défixe les lieux et les activités

A l’occasion de la Semaine européenne de la mobilité (16 au 22 septembre), de la Journée du transport public (21 septembre) et des Rencontres nationales du transport public (1er au 3 octobre à Nantes), Georges Amar, chercheur associé de la chaire d'innovation TMCI de l'Ecole des Mines ParisTech et ancien directeur de l’unité prospective à la RATP, nous livre son point de vue sur le futur des transports publics. Une analyse sémantique, sociologique voire même philosophique. Entretien.

Comment le secteur des transports publics est-il amené à évoluer à l’avenir ?
Sans être dans la prédiction, la prospective a pour but de détecter les paradigmes émergents, les changements conceptuels profonds et de les concevoir. Dans le cas des transports publics, réfléchir à l’avenir passe d’abord par un élargissement, un enrichissement, voire même un dépassement de ce que cette expression définie actuellement. Car, les termes "transport" et "public" sont obsolètes, ils appartiennent au XXème siècle.
Désormais, nous sommes dans le monde de la mobilité, de l’interactivité. La notion de "transport" que l’usager subit va ainsi être supplantée par celle de "mobilité" qu’il choisit. Le transport public traditionnel que nous connaissons, qui fonctionne sur un principe d’homogénéité et d’uniformité - où les passagers, passifs, représentent un flux à peu près indistinct, répétitif et régulier entre deux points préfixés, va notamment muter de plus en plus vers le transport public individuel. Une réalité qui s’immisce déjà dans nos villes, avec le vélo en libre service ou l’autopartage, et qui permet à chacun d’aller où il veut, comme il veut. Offrant plus d’autonomie, de flexibilité.

 

Quelles sont les autres tendances ?
L’interaction sociale, le bien-être ensemble vont être primordiaux dans le futur. Il va s’agir d’améliorer ce que les sociologues et psychologues appellent les « liens faibles ». Des liens légers entre les individus qui se croisent, extrêmement importants dans une société. Car l’équilibre social de nos grands ensembles urbains sera de plus en plus décisif. L’expérience du transport, au sens large, devra donc être plaisante, confortable, enrichissante.
Par ailleurs, alors qu’aujourd’hui la fluidité absolue représente l’idéal, des valeurs nouvelles vont s’imposer. A l’instar de l’adhérence et de la reliance. Les "transports publics" devront ainsi être en prise directe avec le terrain, participer pleinement à sa vitalité, tisser l’espace urbain en créant du lien, des opportunités, etc. En résumé, nous allons passer d’une traversée insensible du territoire, tel un boulet de canon, à une caresse territoriale. Une mobilité qui fait du bien, dans tous les sens du terme, et épouse son environnement. D’un point de vue géographique, social, culturel, historique.

 

A quoi ressembleront donc les "transports publics" de demain ?
Aujourd’hui, le paradigme encore dominant pourrait être désigné par le terme "vie postée". Toutes les choses de la vie se font dans des lieux dédiés, fixes géographiquement. Et le transport consiste à les relier. Mais, le passage à la vie mobile, en grande partie du à l’explosion du numérique et au smartphone plus particulièrement, défixe les lieux et les activités. Désormais, il est possible de travailler n’importe où par exemple. Dans ce contexte, les transports publics que nous connaissons – bus, métro, tram, etc - semblent dépassés.
S’ils ne disparaîtront pas forcément, ils ne représenteront à l’avenir plus qu’un petit maillon de la chaîne de la mobilité. Et, pour survivre, le secteur devra s’adapter radicalement et rapidement, moralement et culturellement, aux nouveaux enjeux sociaux, économiques et environnementaux de notre nouveau paradigme urbain et global. A cet égard, il va devoir faire preuve d’ouverture, de souplesse et d’originalité pour inventer des concepts variés, hybrides et complémentaires, de vie mobile (rapides et lents, mécanisés et doux, alliances public/privé, etc). Une condition sine qua non pour s’intégrer à la smart city de demain.

Le magazine
Contact annonceurs

Christine Doussot, directrice de clientèle
christine.doussot@smartcitymag.fr
Tél. + 33 7 69 21 82 45

RECEVOIR LA NEWSLETTER
Agenda
Les Ateliers du Smart Cities Tour de Noisy-le-Grand
Le 23 mai 2024
Salon de l'Association des Maires de France (AMIF)
Du 28 au 29 mai 2024