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Suresnes veut connecter vidéosurveillance et IA pour lutter contre la délinquance

Vidéoprotection

La ville de Suresnes souhaite équiper 10 de ses 89 caméras de vidéosurveillance d’algorithmes capables de détecter des dépôts sauvages, des rassemblements ou des tentatives d’intrusion. La municipalité attend cependant l’autorisation de la Cnil pour lancer une expérimentation de 18 mois.

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« Rendre la ville plus sûre, plus propre en s’appuyant sur les nouvelles technologies », c’est en ces termes que la Ville de Suresnes présente sa démarche. La collectivité s’est en effet associée à la société suresnoise XXII Group, spécialisée dans l'intelligence artificielle (IA) et la réalité virtuelle, pour intégrer des algorithmes dans dix de ses 89 caméras de surveillance, reliées à son centre de surveillance urbaine (CSU).

 

Aujourd’hui, 13 opérateurs de la police municipale y consultent déjà les caméras. Mais grâce à l’analyse d’images par IA, ils seront automatiquement alertés lorsqu’un événement se produit. L’idée est en effet de détecter des événements anormaux tels que la circulation à contresens, les infractions routières, des rassemblements, des vols de voitures ou des tentatives d’intrusion. Au-delà de la lutte contre la délinquance, les caméras dotées d’IA pourront aussi permettre d’améliorer la propreté de la ville en détectant les poubelles trop pleines, des dépôts sauvages ou des départs d’incendie.

 

Pour le maire, Guillaume Boudy, l’intérêt est également « d’assister les opérateurs du centre de supervision urbain dans leur veille afin d’améliorer la rapidité d’intervention de la police nationale ou municipale. » Car pour le maire « lutter contre la délinquance est une priorité ». Suresnes connaît en effet « quelques événements » qui peuvent alimenter un sentiment « d’insécurité », selon Yoann Lamarque, adjoint à la sécurité, mais la ville n’a toutefois pas de « gros problème de délinquance. » Selon Ville-data.com, qui compare le nombre de crimes, délits et actes de délinquance au nombre d’habitants, les Hauts de Seine sont classés 102e département le plus sûr de France sur 107 analysés.

 

18 mois de test

Yoann Lamarque adjoint à la sécurité de la Ville de Suresnes
Yoann Lamarque adjoint à la sécurité de la Ville de Suresnes

La ville souhaite, via ce dispositif, « tranquilliser le quotidien des citoyens ». Mais elle ne devrait pas débourser un centime pour le moment. « L’entreprise XXII nous a proposé sa solution car elle souhaite, en même temps, tester ses algorithmes. L’expérimentation est donc gratuite », affirme l’adjoint à la sécurité.

 

Suresnes attend désormais l’accord de la Cnil (commission nationale de l’informatique et des libertés), pour lancer cette expérimentation de 18 mois. La ville est effet précurseur dans l’intégration de l’IA dans les caméras de vidéosurveillance. Cela explique notamment le délai de réponse de la CNIL, qui devait initialement rendre son avis avant l’été.

 

Pas de reconnaissance faciale

Ce projet pose en effet la question de la protection des données personnelles. Pour l’entreprise suresnoise, « il n’est pas question de reconnaissance faciale. » Les algorithmes mis en place par l’entreprise analyseront les images mais « sans tenir compte des caractéristiques individuelles et personnelles comme les visages, les vêtements ou le genre », précise l’adjoint à la sécurité.

 

Pour l’association, la Quadrature du Net qui lutte contre la censure et la surveillance, l’intégration de l’IA dans la vidéosurveillance n’est pas sans danger. « Depuis vingt ans, on a déployé massivement en France des caméras de vidéosurveillance. Et petit à petit, on commence à imposer et à déployer une couche algorithmique supplémentaire. Demain, peut-être que tout le monde devra être identifié et identifiable dans la rue. L’idée derrière cette démarche c’est finalement qu’on est tous un peu suspects », déplorait Martin Drago, juriste au sein de l’association, en juin dernier, à Radio France.

 

De son côté, Suresnes rappelle que l’utilisation des images du centre de surveillance urbaine est très encadrée par la loi, afin qu’il ne soit pas porté atteinte aux libertés fondamentales, publiques et privées. Elle rappelle notamment que les enregistrements sont conservés 10 jours sauf en cas de réquisition judiciaire.

 

La Cnil devrait rendre son avis d’ici la rentrée prochaine, estime Suresnes. La solution pourrait alors être déployée d’ici la fin de l’année. À l’issue de cette phase de test, la ville évaluera si le dispositif a « contribué significativement à l’amélioration du quotidien des Suresnois », conclut Yoann Lamarque.

 

 

 

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