L’ouverture des données est un formidable levier pour les pouvoirs publics de tisser un lien durable avec les citoyens. De plus en plus de collectivités s’engagent dans la démarche de partage de l’information pour moderniser la communication publique tout en légitimant le fonctionnement démocratique par la transparence des actions.
Redonner confiance aux citoyens grâce aux données
Jean-Marc Lazard, CEO d'Opendatasoft |
Face à une défiance accrue des citoyens vis-à-vis du pouvoir public, rendre des comptes est désormais une priorité. Avec des compétences de plus en plus élargies, les sujets qui appartiennent aux collectivités sont très vastes et les usagers ont de nombreuses attentes. Les citoyens ne se contentent plus de beaux discours, mais exigent des preuves. Ainsi, pour avoir un impact et redonner confiance, il est indispensable de fournir aux administrés des informations claires. En ouvrant plus largement ses données, d’autres acteurs pourront les utiliser afin d’optimiser les services proposés aux citoyens. C’est ce qu’a fait l'agglomération d’Angers, qui a été parmi les premières à se lancer dans une politique d’ouverture en France. En partageant ses données sur les infrastructures de travaux et de réseaux d’eau par exemple, l’acteur de travaux publics a ainsi pu optimiser la préparation de ses chantiers.
Une ouverture de données favorable aux agents
Les élus et les décideurs au contact de la population sont parfois démunis en termes d’information. Ces derniers évoluent dans un mode complexe avec des exigences fortes et de grands enjeux. Dans ce contexte, mener une politique d’ouverture de l’information bénéficie énormément aux agents. En effet, ce sont les premiers consommateurs des données partagées, car ils peuvent aller chercher de l’information de qualité facilement pour s’organiser. Par exemple lorsqu’une ville partage ses données de trafic, elles ne vont pas simplement concerner la voirie, mais permettront à la ville de mieux comprendre le comportement de ses administrés, analyser les problématiques auxquelles ils font face afin non seulement d’apporter des améliorations, mais également d’adapter la communication avec les bons messages grâce à des données étayées.
La donnée : un outil de l’action citoyenne
Alors que la ville doit travailler son attractivité économique, et rassurer les citoyens au travers d’actions tangibles, la donnée permet de comprendre de façon rationnelle les problématiques et d’être dans une dynamique d’animation permanente de la communication publique locale. La communication ne consiste pas à dire que tout va bien, elle s’entretient sur le long terme pour montrer l’avancement des réalisations et engagements pris au début d’un mandat. Il ne s’agit plus simplement de diffuser des messages, mais d’être prêt à être challengé par des acteurs extérieurs afin de faire bouger les lignes et engager le débat. Cela ne résout pas toujours les problèmes et les questionnements, mais cette démarche force la discussion, ancre une dynamique et une culture de partage de l’information. C’est d’ailleurs ce qu’a constaté Antoine Decourt, chargé de projet Open data à Angers Loire Métropole : « Notre politique d’ouverture de données nous a permis de tisser un lien durable avec la population tout en faisant de la donnée une véritable ressource de l’action citoyenne ».
Il ne sert à rien d’attendre des retours sur investissement à court terme d’une politique d’ouverture de données. L’intérêt de cette démarche est de mettre en exergue les problématiques des usagers, créer du lien grâce à une information simple et lisible. Le partage de l’information est primordial pour moderniser la communication publique et diffuser des messages impactants. Le fonctionnement démocratique ne peut être légitimé que par la confiance, la transparence et l’évaluation des actions. Pour remplir ce contrat démocratique, les données sont une matière première inépuisable.