Les jumeaux numériques de territoire ont été au cœur des discussions pendant les trois jours de l’événement Virtual Ter, du 26 au 28 mai dernier. Les exemples de projet se sont succédés, du jumeau départemental de Vendée pour la transition écologique à celui de la ville de Montréal pour le suivi de la réduction des îlots de chaleur. « Toutes les collectivités ont les mêmes problématiques à relever pour construire leur solution », a souligné Rémi Montorio, directeur de projets géographiques à la métropole de Lille.

Ce dernier a ainsi présenté, aux côtés de Maud Guizol, directrice BIM et CIM chez Colas, le groupe de travail sur les jumeaux numériques de territoire constitué à l’échelle de la France en mars dernier dans le cadre de l’association MINnD 2050. Fort de 150 participants, ce groupe doit aboutir cette année à une cartographie des outils pour créer un jumeau numérique de territoire et à définir les enjeux de gouvernance.

De la même manière, le Cerema pilote à l’échelle européenne le consortium pour une infrastructure numérique européenne (Edic) CitiVerse, qui réunit 14 pays. « Son objectif est de fédérer toutes les initiatives déjà lancées et de créer une boîte à outils pour les territoires, pour leur permettre d’importer une donnée standardisée, simuler et faire participer les citoyens. Les premiers travaux débutent en ce mois de juin », a détaillé Sophie Houzet, directrice de la Fabric’O au Cerema. L’Edic doit aboutir à la création d’une infrastructure souveraine pour interconnecter tous les projets de jumeaux numériques et faciliter les futurs déploiements.

Des jumeaux numériques principalement dans les villes de plus de 100 000 habitants

Les deux projets s’appuient dans leur mise en œuvre sur les conclusions d’un rapport de la Commission européenne réalisé en août 2023. Celui-ci a permis de recenser 135 jumeaux numériques locaux à l’échelle européenne, principalement dans les villes de plus de 100 000 habitants, en raison des moyens et des compétences que la technologie requiert. « Sans subvention, les projets n’émergent pas. L’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et le Luxembourg sont les pays les plus enclins à lancer des projets », a constaté Sophie Houzet, en rappelant que les principaux usages de jumeaux numériques de territoire restent axés sur l’urbanisme, la mobilité et l’environnement.

Le rapport analyse les forces et les faiblesses des projets déployés. Principal constat : le manque d’harmonisation dans les standards pour rendre les projets interopérables. Ce point constitue ainsi le principal défi des deux initiatives présentées à Virtual Ter. Le rapport relève également le fait que seuls 9% des jumeaux numériques sont prédictifs, avec une donnée analysée en temps réel pour apporter une aide à la décision. Les auteurs recommandent ainsi de favoriser la montée en maturité des plateformes par le financement et le partage de bonnes pratiques.

Lire notre dossier « Quelles données pour quels jumeaux numériques ? » dans SCM n°66.