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Taxonomie verte européenne : le nucléaire et le gaz font débat

Energies renouvelables

Le nucléaire et le gaz fossile ont été intégrés au projet de taxonomie verte européenne, au grand dam de certains États membres de l'UE et des organisations écologistes. Le lobbying français est loin d’être étranger à cette décision qui pourrait, par ricochet, réduire les investissements européens en direction des énergies renouvelables. Explications.

 

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Le projet de taxonomie verte a été lancé par la Commission européenne en 2018 dans le but de définir clairement les activités économiques considérées comme vertes, c’est-à-dire ne renforçant pas le réchauffement climatique. L'objectif de cette classification officielle est notamment de permettre aux investisseurs d’orienter leurs capitaux vers des activités s’inscrivant dans l’objectif de neutralité carbone en 2050. De la même manière, les aides et subventions européennes liées à la transition énergétique devraient à l’avenir être prioritairement fléchées vers les activités intégrées à la taxonomie verte.

 

Neil Makaroff, directeur Europe de Réseau Action Climat, fédération d’ONG française.

« Le projet est désormais en phase de mise en œuvre, une première mouture consacrée notamment aux énergies renouvelables, à la rénovation des bâtiments et à la migration du parc automobile vers les énergies décarbonées, a été adoptée et finalisée », explique Neil Makaroff, directeur Europe de Réseau Action Climat, une fédération d’ONG française, « maintenant se pose la question du nucléaire et du gaz fossile ».

 

En effet, suite à l’important lobbying de la France au cours de ces derniers mois, et à celui non moins soutenu de plusieurs pays d’Europe de l’Est (Roumanie, République tchèque, Finlande, Slovaquie, Croatie, Slovénie, Bulgarie, Pologne et Hongrie), les centrales nucléaires et les centrales à gaz ont été intégrées in extremis au projet de taxonomie, au motif que ces deux technologies présentaient des arguments pour être considérées comme des activités de transition, c’est-à-dire comme ayant un rôle à jouer pour faciliter la migration vers les énergies renouvelables.

 

Quatre mois pour rejeter, éventuellement, le projet

Pourtant, cette décision ne fait pas l’unanimité, loin de là. Le Luxembourg et l’Autriche, notamment, sont farouchement opposés à l'inclusion du nucléaire, menaçant même de porter l’affaire devant la justice européenne. Elle fait aussi sursauter les organisations écologistes. « Pour nous, le nucléaire ne peut être considéré comme une énergie verte car il induit une pollution importante et pose la question de la gestion des déchets », estime Neil Makaroff, « par ailleurs, compte tenu du temps de construction des centrales, le lancement de nouveaux équipements n’aura pas d'impact sur le réchauffement climatique et ne peut raisonnablement constituer une technologie de transition, nous pensons qu’il vaut mieux parier dès à présent sur les énergies renouvelables ».

 

Remis le 31 décembre dernier, ce projet va maintenant être soumis à l’examen du Parlement et du Conseil européens qui ont quatre mois pour, éventuellement, rejeter le texte. Pour cela, une majorité renforcée sera nécessaire au Conseil, soit au moins 20 pays représentant 65 % de la population de l’UE. Le Parlement européen a quant à lui besoin d’un vote à la majorité simple pour retoquer le projet. « Cela n’est pas impossible car les débats sont loin d’être terminés », souligne Neil Makaroff.

 

En cas d’adoption du texte actuel, il est probable qu’une partie des fonds européens destinés à la transition énergétique soit orientée vers le gaz et le nucléaire, ce qui réduirait mécaniquement les financements pour les énergies renouvelables. Mais un retrait du nucléaire de la liste porterait un coup dur à la stratégie française. En effet, l’Élysée compte en partie sur le nucléaire pour soutenir l’augmentation attendue de la consommation d’électricité au cours des prochaines décennies.

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