Une nouvelle centrale solaire thermique est sortie de terre à Narbonne et a été inaugurée le 21 octobre par le fournisseur bordelais Newheat, la SNDC (Société Narbonnaise De Chauffage, filiale de Dalkia, délégataire du réseau de chaleur urbain) et la ville de Narbonne. Eligible au Fonds Chaleur de l’ADEME, ce projet a également été soutenu par la région Occitanie à hauteur de 100 000 € dans le cadre de son plan de soutien au développement des énergies renouvelables.

Baptisé Narbosol, ce nouvel équipement vient enrichir le mix énergétique du réseau de chaleur du quartier Saint-Jean-Saint-Pierre, à l’ouest de la ville. Ce dernier alimente en eau chaude sanitaire et en chauffage plus de 900 logements, 7 écoles, 1 collège, ainsi que divers bâtiments publics. Jusqu’à présent, 64 % de la chaleur était issue de sources renouvelables grâce à une chaudière biomasse de 2,5 MW utilisée en période hivernale (le reste étant assuré par une chaudière à gaz).

La centrale solaire va faire passer le renouvelable à plus de 70% puisque Narbosol viendra réduire la place du gaz pendant les mois d’été, permettant d’éviter l’émission de plus de 500 tonnes de CO2 par an. Les capteurs solaires ont été installés sur un terrain de 3200 m² et vont produire une puissance de crête de 2,8 MW thermiques. Une cuve d’eau chaude de 1000 m3 permettra un stockage représentant plus de 3 jours de consommation.

Une centrale en bout de réseau

Cette centrale a pour particularité d’être implantée à l’extrémité d’une branche du réseau de chaleur, qui se déploie en étoile à partir de la chaufferie centrale. En effet, la recherche de foncier disponible n’étant pas toujours simple, le choix de s’installer en périphérie de quartier (sur un terrain municipal jusque-là inutilisé et ne pouvant accueillir d’autres activités) est riche d’enseignements. « C’est l’illustration qu’il est possible de s’éloigner des centres villes et d’aller chercher des terrains en périphérie, nous sommes ici à 500 m du bout d’une branche du réseau, ce qui est une première en France », explique Hugues Defreville, président de Newheat, « mais en réalité, la recherche de foncier adapté n’est pas la principale difficulté pour nous, c’est plutôt la méconnaissance des possibilités offertes par le solaire thermique qui constitue le frein le plus important au développement de projets de ce type ». Un message qui s’adresse également aux collectivités qui ne sont pas nombreuses à faire de cette technologie une de leurs priorités.

Hugues Defreville, président de Newheat

En effet, il existe actuellement en France 800 réseaux de chaleur urbains, et seulement 4 d’entre eux sont alimentés par des centrales solaires thermiques de plus de 1000 m2, dont 2 sont opérées par Newheat. A titre de comparaison, le Danemark disposait fin 2017 d’une capacité solaire thermique installée sur réseau de chaleur 100 fois supérieure (il faut dire que 50 % de la population danoise est chauffée par un réseau de chaleur contre 5% en France).

« En fait, beaucoup de personnes n’ont pas une idée très claire de la notion de production de chaleur et font des confusions entre le solaire thermique et le solaire photovoltaïque », poursuit Hugues Defreville, « pourtant, il s’agit d’une technologie sans nuisances, présentant un rendement de 80%, qui décarbone beaucoup plus mais qui bénéficie de moins de soutien public ». Il est vrai qu’en matière de transition énergétique, les stratégies élaborées actuellement aux quatre coins du pays portent avant tout sur la production d’électricité décarbonée, notamment fournie par le solaire photovoltaïque. Un contexte qui ne décourage pas Newheat qui s’apprête à mettre en service, début 2022, une centrale de 16000 m² pour le groupe Lactalis dans le Nord-Est de la France. Ce sera la plus grande installation solaire thermique d’Europe pour un site industriel.