LE MAGAZINE DES VILLES ET DES TERRITOIRES CONNECTÉS ET DURABLES

[Covid-19] Après la crise, repenser les modèles urbains

Urbanisme
H_1
Paul Lecroart, urbaniste senior à l’Institut Paris Region © Benoît Billard
Les nouvelles technologies auront leur place (…) mais elles devront se marier avec le lowtech

La crise sanitaire a des conséquences sur l’économie des territoires, les modes de vies urbains, et plus largement sur les stratégies des villes. Urbaniste senior à l’Institut Paris Region, Paul Lecroart livre une esquisse des évolutions urbaines à présent nécessaires et de leur compatibilité avec le concept de smart city.

Que dit la crise que nous traversons des évolutions souhaitables ?
La crise nous montre que nous vivons dans un monde très interdépendant et que nous devons repenser la proximité pour, notamment, offrir à chacun une égalité d’accès aux services et aux commerces, mais aussi à la santé, à l’éducation ou à la culture. Il y a des enjeux économiques et sociaux derrière cela, mais qui ne se traiteront pas à court terme. Prenons l’exemple des circuits courts alimentaires. Autour du Grand Paris, il faudrait décider d’une ceinture verte qui donnerait la priorité à l’alimentation de la métropole. Nous avons aujourd’hui de très grandes exploitations agricoles en monoculture, et les rescinder, les diversifier, passer à une agriculture plus paysanne et bio, prendra du temps.
Au niveau industriel aussi, il y a un enjeu. Beaucoup de produits, notamment numériques, sont fabriqués dans d’autres pays. Est-on capable de payer plus cher pour gagner en autonomie ? Avec les accords internationaux de libre échange, nous avons construit un système basé sur la mondialisation, et cela ne sera pas une mince affaire de nationaliser, ou même européaniser l’industrie. Il faudra une volonté politique forte et les premiers effets vertueux mettront une vingtaine d’années à se produire.

 

Dans ce nouveau monde de la proximité, est-ce que le concept de smart city aura sa place ?
Les nouvelles technologies auront leur place, car elles répondent à des attentes des citoyens, mais elles devront se marier avec le lowtech. En matière d’architecture par exemple, plutôt que de penser capteurs en tout genre pour gérer la température, on peut envisager de construire des édifices naturellement ventilés. Le lowtech est moins cher et plus durable, les technologies doivent venir en appui d’un projet plus global.
Quant à l’utilité de solutions "smart" pour faire face à une crise comme celle que nous vivons actuellement, ce sont moins les technologies qui font la différence que les politiques sanitaires nationales.

 

Comment mobiliser les acteurs publics autour de ces enjeux pour envisager des transformations urbaines ?
En Ile-de-France, chaque commune, chaque territoire, a des enjeux qui lui sont propres ; il est donc difficile de mettre en place des diagnostics communs. Le premier enjeu est de parvenir à faire prendre conscience à tout le monde des impasses actuelles et des interdépendances, et par conséquent la nécessité de travailler ensemble pour les dépasser.
Ailleurs, des villes et des métropoles ont déjà entamé des transformations, plutôt avec succès. La Ruhr, Medellin, Rennes ou Nantes sont inspirantes. Leur point commun est une démocratie locale organisée et vivante. Plus la démocratie vit bien au quotidien, plus on peut imaginer des changements de trajectoires, car les citoyens y adhèrent plus facilement.
Un dernier exemple : Grande-Synthe, dans la communauté urbaine de Dunkerque. La ville a reconstruit son économie à partir du local et de la solidarité, développant le concept de Ville accueillante. Elle n’est pas plus riche qu’avant, mais elle porte un projet collectif fort de transition écologique participative avec une priorité l’agriculture urbaine, aux jardins partagés, la sanctuarisation d’une réserve naturelle et la solidarité financière entre les acteurs locaux.

Le magazine
Contact annonceurs

Christine Doussot, directrice de clientèle
christine.doussot@smartcitymag.fr
Tél. + 33 7 69 21 82 45

RECEVOIR LA NEWSLETTER
Agenda
Les Rencontres cloud, datacenters, territoires & des données souveraines - 3ème édition
Le 3 avril 2024