C’est une activité à double tranchant : d’un côté, la logistique urbaine est indispensable au développement économique local, amenant produits et matières premières, de l’autre, elle génère une pollution de l’air, une congestion du trafic, un impact sur la qualité de vie. Pour aligner leurs engagements en matière de transition énergétique avec un flux de marchandises inévitable, les collectivités réinventent la logistique urbaine en mobilisant tous les acteurs du territoire et en mutualisant les ressources.
Trois scenarios se dessinent pour les villes d’après le think tank La Fabrique de la Cité. Tout d’abord celui de plate-forme, dans lequel l’acteur public se saisi pleinement du sujet. C’est le cas de Barcelone, qui expérimente les voies de circulation multiusages. Une voie est réservée aux bus aux heures de pointe, aux livraisons le reste de la journée, au parking résidentiel la nuit. Autre scenario : la ville service. La collectivité fixe un cadre avant de laisser la main aux acteurs privés. Enfin, la ville territoire opère une mutation dans son modèle de production et de consommation, faisant la part belle à l’économie circulaire et aux circuits-courts, modifiant ses flux et révisant ainsi toute son organisation logistique.

Grenoble, à la croisée des scenarios

Quel modèle suit Grenoble-Alpes Métropole ? « Nous sommes dans un scenario hybride, un mélange entre une forte intervention publique et une liberté pour les acteurs économiques » affirme Christophe Ferrari, le président de la métropole. Enserré par les montagnes, le territoire connaît d’intenses problèmes de congestion de trafic et de pollution, qui ont favorisé, dès 2013, l’intérêt de la collectivité pour le sujet de la logistique urbaine. Depuis, elle construit un nouveau modèle avec tous les acteurs privés et publics locaux, imaginant des véhicules propres pour parcourir les derniers kilomètres de livraison, le développement d’une filière courte pour la production agricole, l’organisation de centres de distribution en plein cœur de Grenoble, la mobilisation des commerces de proximité afin qu’ils mutualisent leurs espaces de stockage... Chef d’orchestre de ces projets, la collectivité rassemble et coordonne l’écosystème ; mais tient à limiter ses dépenses et à ne pas faire tout le travail, comme le souligne Christophe Ferrari : « aux partenaires de fabriquer ce modèle ! » À bon entendeur...