LE MAGAZINE DES VILLES ET DES TERRITOIRES CONNECTÉS ET DURABLES

Smart City : Guillaume Lavoie, conseiller municipal de Montréal

Amérique du Nord
H_1
Guillaume Lavoie, conseiller municipal de Montréal.
Le vrai prix de l’innovation, c’est le coût de l’échec

La ville de Montréal ne ménage pas ses efforts pour devenir un chef de file dans l’écosystème des villes intelligentes mondiales. Depuis 2015, elle a lancé des dizaines de projets, investit 23 millions de dollars, impliqué 100 000 citoyens... Et paradoxalement, 70 % des Montréalais pensent que leur ville n'est pas intelligente selon un sondage OVH réalisé par CROP en février dernier. Comment expliquer cette perception ? Quelles sont les efforts que doit encore faire Montréal ? Guillaume Lavoie, conseiller municipal de la métropole canadienne, nous apporte son éclairage, à l’occasion du séminaire international de La Fabrique de la Cité auquel il participait.

Qu’est-ce qui caractérise la smart city de Montéal ?
Certaines villes utilisent des données pour améliorer et délivrer des services publics, d’autres confient des missions à des start-up, qui viennent se greffer au projet de la municipalité, pour répondre au besoin du public. Ce greffage va plutôt bien à Montréal ! Les start-up et les universités constituent une communauté de très vivante, qui colore profondément l’ADN de la ville et la rend plus prompte à l’innovation. Le véritable test se situe au niveau politique : quel est le niveau de tolérance au bouleversement ? Est-ce que la classe politique est capable de gérer une incertitude ? L’innovation n’est jamais dans l’ordre et la discipline. Elle bouscule des manières de faire, elle s’attaque de front à des règlements, elle vient challenger la ségrégation des fonctions. Là est la difficulté, il faut accepter de gérer un certain chaos... Et à Montréal, sur ce sujet nos réponses sont inégales. Il y a des choses que l’on fait bien et d’autres moins...

 

Vous venez quand même de recevoir le titre de « Communauté la plus dynamique et inspirante dans le domaine des villes intelligentes » lors du Sommet de l’Intelligent Community Forum. N’êtes-vous pas un peu dur ?
Je ne veux pas blâmer Montréal plus qu’une autre ville ; je pense que c’est le propre du politique d’être toujours un peu en retard sur l’innovation. Toutefois, il faut être exigeant. Ce qui m’intéresse, c’est comment on peut changer cette culture politique. Le vrai prix de l’innovation, c’est le coût de l’échec. Or, il est très difficile de se donner le droit d’échouer dans l’administration publique...
Les deux plus beaux mots de la langue française pour réconcilier l’administration publique et l’innovation, c’est projet et pilote. Un projet-pilote nous ouvre des possibilités, une marge de manœuvre, une sécurité. La population est souvent intéressée par cette démarche, elle peut devenir un réel partenaire et comprendre qu’on peut se tromper à certain moment. J’invite donc mes collègues à faire de multiples projets-pilotes dans la ville, à commencer petit et à apprendre. Et peu importe si on prend du retard ! Si au moindre retard il y a un prix politique à payer, ça va effrayer tous ceux qui veulent essayer ! Ce qui compte, c’est d’avancer, ça fait aussi partie de la culture de l’innovation. J’aimerai que chez les élus, les fonctionnaires, dans l’écosystème municipal, chez les citoyens, il y ait davantage de compréhension de cette culture de l’innovation, une culture du risque, de l’échec, du droit à l’erreur.

 

En juin, le Congrès Metropolis a réuni 140 maires de grandes villes du monde à Montréal autour du thème "Enjeux globaux : Métropoles en action". Est-ce que cet événement est le reflet d’un tournant dans le rôle que doivent jouer les villes ?
Si ce n’est pas un tournant, c’est au moins un retour à une situation antérieure, lorsque le monde était fait de métropoles et de cités-états. Il y a une quinzaine d’années, lorsqu’on parlait d’enjeux urbains, on abordait les nids de poule, les égouts, la police ; aujourd’hui on pense bien plus souvent à l’environnement, la sécurité, l’accueil des migrants, le positionnement international, l’espace économique... Ces sujets s’inscrivent de plus en plus dans les agendas municipaux et la ville a un rôle à jouer.

 

Le magazine
Contact annonceurs

Christine Doussot, directrice de clientèle
christine.doussot@smartcitymag.fr
Tél. + 33 7 69 21 82 45

RECEVOIR LA NEWSLETTER
Agenda
Les Ateliers du Smart Cities Tour de Noisy-le-Grand
Le 23 mai 2024
Salon de l'Association des Maires de France (AMIF)
Du 28 au 29 mai 2024