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La Smart City est-elle nécessairement durable ?

Smart city

Tribune initialement publiée dans Smart City Mag #7 et rédigée par Florence Castel, directrice générale du pôle de compétitivité Advancity, et ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts.

 

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"À cet outil d’appréciation du niveau de durabilité d’une ville, [le numérique], doit répondre une méthode d’évaluation de la pertinence des projets qui vont y trouver leur place, qu’ils soient à l’échelle d’un bâtiment, d’un ilot, d’un quartier ou de la ville tout entière." © Flickr / Dakiny

Le numérique au service de la ville est une réalité : chacun peut citer au moins un exemple témoignant de la transformation, par les technologies de l’information et de la communication, des structures et usages de cet espace si complexe qu’est le milieu urbain.
Nous sommes probablement face à l’un des défis du XXIème siècle. Ces « nouvelles technologies » ne cessent de se développer, devenant même parfois rapidement obsolètes, et ont considérablement modifié notre perception de l’espace et du temps : les messages s’échangent de manière quasi instantanée d’un bout à l’autre de la planète, l’information est relayée immédiatement et touche désormais simultanément des millions de citoyens, nos habitudes ou consommations peuvent être suivies et analysées, voire commercialisées sans que nous en ayons nécessairement la pleine conscience et donc la totale maîtrise.

 

3ème révolution industrielle

Florence Castel, directrice générale du pôle de compétitivité Advancity, et ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts.

Nos sociétés sont ainsi devenues globalement « intelligentes » ; sont-elles pour autant durables ? Le véritable enjeu se situe en amont de la construction de la ville et les technologies numériques peuvent avoir un impact majeur ; c’est en effet grâce à la modélisation, la simulation et la visualisation des différentes fonctions de la ville que nous pourrons en optimiser le fonctionnement, dans des conditions souvent fluctuantes. Nous sommes en effet au cœur de la 3ème révolution industrielle qui emporte trois enjeux fondamentaux pour la ville : sa « décarbonation », c’est-à-dire la diminution systématique des émissions de gaz à effet de serre liées à sa croissance et à son fonctionnement ; sa « digitalisation » liée à l’utilisation croissante des technologies numériques ; sa « décentralisation » pour permettre son adéquation aux besoins fondamentaux des hommes, des femmes, des enfants amenés à y vivre : l’accroissement de l’offre de logement est à concilier avec une demande de plus en plus forte d’un mieux vivre en ville.
Ceci suppose une ville compétitive, c’est-à-dire capable de produire des biens ou des services dans des conditions au moins équivalentes à celles d’autres villes ou territoires ; créative, disposant de capacités de formation, d’enseignement, de recherche et d’une offre culturelle reconnues ; conviviale, offrant des espaces publics favorables aux échanges et à la communication entre les personnes et à la mobilité ; et consensuelle, ayant créé les conditions d’une gouvernance adaptée, et sachant prendre en compte les demandes exprimées par les habitants quant à son organisation, son fonctionnement, sa « co-construction ».


La ville « des 4C »

Cette vision dessine un modèle de ville européenne durable, la ville « des 4C » (que promeut le pôle de compétitivité Advancity). L’aspect numérique en est un élément important ; il n’est pas le seul. À cet outil d’appréciation du niveau de durabilité d’une ville doit répondre une méthode d’évaluation de la pertinence des projets qui vont y trouver leur place, qu’ils soient à l’échelle d’un bâtiment, d’un ilot, d’un quartier ou de la ville tout entière. Nos interventions sur la ville seront en effet pertinentes si elles facilitent la relation entre la communauté qui y vit et le territoire.
À titre d’exemples et sans exhaustivité : le volume d’emplois que génère un projet ou encore le nombre de destinations desservies constituent des avantages pour la compétitivité de la ville ; la résilience ou la capacité à mesurer les performances affichées en condition d’usages participent de l’adaptabilité nécessaire à la ville « créative » ; la création de points de polarité où les espaces verts favorisent la ville « conviviale » ; les méthodes de concertation et d’association des habitants retenues tant en amont que pour la suite des projets fondent leur acceptabilité, facteur de consensus.
A la vision des « 4C » de la ville durable correspond ainsi l’évaluation de la pertinence d’un projet en fonction du contexte dans lequel il s’insère selon la méthode des « 4 A » : avantage, adaptation, aménités et acceptabilité. La mise en œuvre de cette démarche s’appuie, d’une part, sur la prise en compte, à une échelle large, de la stratégie de développement d’un territoire et, d’autre part, sur l’appréciation des projets envisagés d’un point de vue qui dépasse de fait les seules contingences techniques et y intègre les dimensions sociales et sociétales. L’évaluateur intervient ainsi dans le cadre d’un dialogue avec la collectivité et les porteurs de projets et favorise la mise en adéquation des deux !

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