Quel rôle jouent les TIC (technologies de l’information et de la communication) dans le développement durable ?
Avec la prolifération des réseaux et des dispositifs numériques, la consommation électrique augmente de façon dramatique à partir des énergies non renouvelables, qui alimentent bon nombre de ces équipements dans le monde. L’empreinte carbone de cette filière augmente, atteignant un niveau quasi équivalent avec celui de la filière aéronautique ! Pour bien comprendre, voici deux exemples pour lesquels, à chaque étape du cycle de vie du produit, il peut y avoir une consommation énergétique et donc une émission de CO². D’abord, une application mobile : pour l’élaborer puis pour l’utiliser, on a besoin des réseaux de communication, ce qui entraîne une émission de CO². En revanche, pour la fin de vie de l’application, aucun problème. Il suffit de l’effacer. Pour la fabrication d’un capteur connecté, c’est différent. Si son exploitation n’a pas une empreinte environnementale forte, sa création et son recyclage sont problématiques, car cet outil est composé de métaux lourds... Or, on envisage d’en déployer des milliards dans la smart city ! Le cumul est énorme et l’impact sur la planète est conséquent.
Comment peut-on se mobiliser pour réduire cet impact ?
Chaque maillon de la chaîne peut améliorer cette situation. Nous plaidons d’abord pour un dialogue entre toutes les communautés techniques (ingénieurs fabricants des capteurs, intégrateurs de solutions, développeurs d’application, etc.). L’empreinte carbone n’étant pas toujours généré de manière directe par le numérique, des échanges permettraient de s’accorder et d’aller, par exemple, vers une centralisation de l’exécution des applications mobiles sur un data center alimenté par des énergies renouvelables. Les pouvoirs publics peuvent se saisir du sujet ; la transition énergétique doit se faire en arrimage avec le numérique !
Nous préconisons également un dialogue « science et société », impliquant ceux qui créent les nouvelles technologies, ceux qui les réglementent, et ceux qui les utilisent pour une prise en compte de l’impact environnemental mais aussi social du numérique. Nous voulons verdir les TIC, mais aussi par les TIC. Si la technologie est bien conçue, bien appliquée et bien acceptée, elle pourrait éliminer 20 % des émissions mondiales de CO² d’ici 2030 et être un vecteur de développement durable.
Faire avancer la technologie pour l’humanité, c’est l’une des missions affichées de l’IEEE. Quelles actions allez-vous mener autour du climat ?
Au sein de l’IEEE, je fais partie de l’initiative Green TIC dont l'objectif est de développer une approche intégrée au développement durable par la conception, l'application et l'appropriation des TIC. Trois indicateurs clés sont à associer aux technologies : l’efficacité énergétique, l’empreinte carbone, le cycle de vie des produits. En parralèle de ces travaux, l’IEEE va organiser en octobre prochain, le premier sommet sur le thème "Développement durable dans le monde connecté". Des conférences et témoignages d’experts permettront d’aborder les problématiques environnementales liées aux TIC.